L’armée algérienne arrête quatre éléments du Polisario qui tentaient de fuir les camps de Lahmada

L'armée algérienne tire sans sommations sur tous les Sahraouis qui tentent de fuir les camps de Lahmada.

L'armée algérienne tire sans sommations sur tous les Sahraouis qui tentent de fuir les camps de Lahmada. . dr

Quatre membres du Polisario viennent d’être interceptés par les soldats de l’armée algérienne, qui quadrillent en permanence les camps sahraouis de Lahmada. Les quatre fugitifs, qui tentaient probablement de rejoindre le Maroc, ont été incarcérés dans une base militaire algérienne à Tindouf.

Le 24/01/2022 à 11h20

Dans la soirée du vendredi 21 janvier dernier, des soldats de l’armée algérienne ont arrêté quatre éléments du Polisario qui tentaient de fuir les camps sahraouis de Lahmda, dans l’extrême sud-ouest algérien. Les fugitifs sahraouis ont été rattrapés alors qu’ils s'étaient déjà éloignés du camp dit «Dakhla», à 200 km au sud de Tindouf, de plus d’une dizaine de kilomètres. L’information a été relayée par la chaîne de télévision Medi 1, qui a nommément cité les quatre fugitifs sahraouis interpellés par l’armée algérienne.

Les quatre fugitifs, identifiés en effet sous les noms de Youssef Sid’Ahmed, Said Mahmoud, Dehbi Sid’Ahmed et Abdallah Bouna, ont été immédiatement transférés vers une caserne l’armée algérienne à Tindouf, où ils sont actuellement détenus.

Les camps de Tindouf, rappelons-le, sont en permanence encerclés par plusieurs cordons sécuritaires successifs, sous formes de cercles concentriques formés par les milices du Polisario, puis la gendarmerie et l’armée algériennes. Toute sortie d'un camp, ou entrée dans celui-ci, est obligatoirement conditionnée par la présentation d’une autorisation administrative en bonne et due forme, c’est-à-dire délivrée conjointement par les «services» algériens à la demande d’un dirigeant du Polisario, parrain du demandeur.

Même ceux qui sont autorisés à quitter le territoire algérien, vers la Mauritanie voisine par exemple, sont obligés de donner des garanties solides de retour, comme le fait de laisser derrière eux, en «otages», leurs enfants, épouse et parents.

Les tentatives de fuite des Sahraouis des camps de Lahmada sont monnaie courante, mais se terminent le plus souvent de façon dramatique, les forces algériennes n’hésitant jamais à tirer à balles réelles sur tous ceux qui tentent leur chance de fuir l’enfer des camps.

En novembre dernier, deux Sahraouis ont ainsi été tués par des tirs nourris de l’armée algérienne, qui avait pris pour cible le véhicule tout-terrain à bord duquel ils tentaient de quitter les camps sahraouis, après avoir parcouru plus de 30 km.

Avec ce nouvel épisode des quatre membres du Polisario qui tentent de fuir les camps, il est désormais clairement établi que l’armée algérienne a choisi cette méthode radicale d’enfermement à l’égard des Sahraouis pour les terroriser et tuer en eux toute velléité de fuir les camps de Lahmada.

Même de simples orpailleurs sahraouis sont régulièrement abattus sans sommation par les soldats algériens, s’ils ne sont pas carrément brûlés vifs. L’on se souvient qu’en octobre 2020, deux chercheurs d’or sahraouis ont été aspergés d’essence dans un puits d’exploration par des soldats algériens avant d’être brûlés vifs.

Le 5 mai dernier, alors qu’un important groupe d’orpailleurs sahraouis se livrait à la prospection dans l’extrême-sud algérien, il avait été pris pour cible par l’armée algérienne. Deux personnes ont été tuées dans cette attaque, et plusieurs autres blessées.

Devant le ras-le-bol des Sahraouis et leur désespoir exacerbé par la misère dans laquelle ils sont hermétiquement maintenus depuis environ un demi-siècle, le régime algérien veut imposer la terreur. La junte algérienne adresse un message clair aux Sahraouis: toute tentative de fuite des camps se soldera soit pas la mort, soit par la prison. Youssef Sid’Ahmed, Said Mahmoud, Dehbi Sid’Ahmed et Abdallah Bouna ne devraient pas être laissés aux mains de l’armée algérienne. L’autodétermination que promeut l’appareil militaro-politique algérien a partie liée avec la liberté de choisir où vivre.

Par Mohammed Ould Boah
Le 24/01/2022 à 11h20