Si l’Alliance entre l’Algérie et la Russie date de la Guerre froide, cette relation a continué de se renforcer bien après la chute du Mur de Berlin. Aujourd’hui, l’Algérie, en plus de continuer à se surarmer en Russie, est aussi en train de devenir son pont d’entrée en Afrique du nord et au Sahel.
Selon le quotidien arabophone, Al Ahdath Al Maghribia du vendredi 14 avril, qui reprend une longue analyse parue mardi dernier dans l’édition papier et électronique du quotidien allemand Die Welt, cette alliance algéro-russe est très préoccupante pour les pays occidentaux.
Pour l’auteur de cette analyse, Alfred Hackensberger, correspondant indépendant depuis 2012 de Die Welt en Afrique du Nord et dans les pays arabes, «le fait que Moscou renforce sa présence au Sahel a longtemps été un problème pour l’Occident. Mais c’est la relation de plus en plus intense entre l’Algérie et la Russie, combinant un partenariat stratégique avec des objectifs à long terme, qui est dangereuse».
L’analyste de Die Welt ajoute également que «depuis son élection en 2019 avec le soutien de l’armée, Abdelamadjid Tebboune a veillé au renforcement des relations de son pays avec la Chine et surtout avec la Russie». Avec cette dernière, explique le journal, les relations datent de l’époque de la défunte Union soviétique, alors que l’essentiel de l’armement militaire algérien est acheté auprès de la Russie.
Jusqu’ici rien d’anormal, mais ce qui est «dangereux», alerte Die Welt, c’est «la nouvelle coopération entre les deux alliés, désormais liés par une alliance stratégique à long terme», Moscou ayant «transformé l’Algérie en base de l’hégémonie russe en Afrique, un continent sur lequel se concentre actuellement toute la politique étrangère du Kremlin».
Al Ahdath précise que le quotidien allemand cite des données récentes publiées par un think-tank espagnol, selon lesquelles «le régime algérien cherche à créer des bases militaires russes dans la région du Sahel» où se trouvent déjà les mercenaires russes de Wagner.
Die Welt explique que la junte algérienne cherche ainsi un «soutien politique» de la Russie à ses principales préoccupations, comme le dossier du Sahara marocain ou encore l’adhésion aux BRICS. C’est pourquoi il n’est pas étonnant que l’Algérie évite de «condamner à l’ONU l’invasion russe de l’Ukraine», qu’elle semble même parfois soutenir, écrit Die Welt, précisant que la nouvelle alliance stratégique russo-algérienne «préoccupe grandement les décideurs de l’Union européenne mais aussi l’administration américaine».
Et de rappeler la lettre des 26 congressistes américains adressée au secrétaire d’Etat Antony Blinken, dans laquelle ils avertissent que les relations algéro-russes constituent une «menace pour de nombreuses nations à travers le monde». L’Algérie, client militaire de la Russie, selon Die Welt, défie l’Occident en soutenant ouvertement «les efforts de guerre de Vladimir Poutine en Ukraine». Tebboune se rendra d’ailleurs en Russie le mois prochain pour signer de nouveaux contrats d’armement d’un montant de 17 milliards de dollars.
Al Ahdath conclut en rappelant que les médias européens n’ont cessé, depuis plus d’une année, de tirer la sonnette d’alarme sur les dangers que l’alliance russo-algérienne fait peser sur le Vieux continent.