Trois cents millions de dollars pour la seule année 2022, soit environ 3 milliards de dirhams. Telle est la valeur des importations de la Mauritanie à partir du Maroc, son voisin du Nord et son premier fournisseur africain et maghrébin. Ce chiffre est d’autant plus remarquable qu’il a connu une évolution de 58% entre 2020 et 2022, dans le sillage de la sécurisation, en décembre 2020, de la fluidité des échanges commerciaux transitant par le passage terrestre d’El Guerguerat, reliant le Maroc à l’Afrique subsaharienne via la Mauritanie.
Ces données diffusées par le service économique de l’ambassade du Maroc à Nouakchott, à travers un communiqué de presse publié le 20 novembre dernier, sont quasiment concordantes avec celles publiées chaque trimestre, puis annuellement, par l’Office national des statistiques mauritanien (ONS).
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Ainsi, dans sa note annuelle du commerce extérieur de la Mauritanie couvrant l’année 2022, l’ONS, qui ne prend en compte que les importations passibles de droits de douanes, fait ressortir que les échanges commerciaux entre le Maroc et la Mauritanie sont passés de 3.007,9 millions d’ouguiyas (MRU), (près de 900 millions de dirhams) en 2020, à 7.373,9 millions en 2021, puis à 6.813,5 millions en 2022, soit quelque 2,5 milliards de dirhams. À titre de comparaison, et pour la même période, l’Algérie est passée de 1.554,5 millions de MRU en 2020, à 2.798,3 en 2021, puis à 3.437,1 millions en 2022.
Or, contrairement au Maroc, dont la balance commerciale a toujours été largement excédentaire vis-à-vis de la Mauritanie, celle de l’Algérie est devenue déficitaire depuis 2022, puisqu’en contrepartie de ses exportations vers le marché mauritanien, ce producteur de gaz et de pétrole a été prié par la Mauritanie de l’avantager au niveau de leurs échanges commerciaux, plutôt que de la noyer, dans le seul objectif de perturber ses échanges avec le Maroc, de produits dont elle regorge déjà.
C’est ainsi qu’en 2022, l’Algérie a importé 12% de la production mauritanienne de minerai de fer, en vue d’alimenter ses hauts fourneaux sidérurgiques, ce qui a permis à la Mauritanie d’afficher un excédent commercial bilatéral confortable, alors que l’ambition déclarée de «l’Algérie nouvelle» est de faire de la Mauritanie et de l’Afrique de l’Ouest une source de devises hors exportations d’hydrocarbures.
S’agissant des exportations de la Mauritanie vers l’Algérie, celles-ci sont passées de 5 millions de MRU (près de 1,25 million de dirhams) en 2021 à 5,71 milliards, soit 1,5 milliard de dirhams, en 2022. Une forte croissance qui est due uniquement aux importations algériennes de minerai de fer mauritanien.
Plutôt que d’exporter vers la Mauritanie du carburant, du gaz et leurs dérivés, l’Algérie s’est concentrée sur les mêmes produits qu’exporte le Maroc vers la Mauritanie, constitués à 80% de produits alimentaires, agricoles, produits manufacturés et de machines et équipements de transport, alors que les fruits et légumes affichent un taux de 20% de ces exportations transitant par El Guerguerat, désormais classé 3ème point d’entrée des importations de la Mauritanie après les ports de Nouakchott et de Nouadhibou.
D’ailleurs, et toujours selon les chiffres de l’ONS pour les trois premiers trimestres de l’année 2023, les exportations marocaines vers la Mauritanie continuent leur trend haussier et pourront afficher un nouveau record cette année.
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Cette nouvelle dynamique impulsée par le passage d’El Guerguerat, devenu incontournable dans les échanges commerciaux entre la Mauritanie et le Maroc, et entre ce dernier et les pays de l’Afrique de l’Ouest, a sérieusement irrité la junte algérienne.
Sachant qu’il ne peut plus jouer la carte du Polisario pour perturber la dynamique des échanges commerciaux maroco-mauritaniens, le régime algérien a réagi à travers une cascade de gesticulations qui en disent long sur son désarroi. Si rien n’a filtré de l’audience que l’ambassadeur d’Algérie à Nouakchott, Mohamed Benattou, a eu avec le ministre mauritanien des Affaires étrangères, deux jours seulement après (et en lien avec) la sortie du communiqué de l’ambassade du Maroc à Nouakchott, il est certain que c’est le diplomate algérien qui a poussé un média mauritanien, El Mourassiloun pour ne pas le nommer, à commettre deux articles «téléphonés». Dans le premier, sous forme de «Oui, mais…», ce média, tout en reconnaissant le boom des échanges commerciaux entre le Maroc et la Mauritanie, insinue que Rabat met des bâtons dans les roues des investisseurs mauritaniens au Maroc. Et cela sans donner le moindre exemple ni un soupçon de preuve.
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Le second article du même média laisse entendre que les deux filiales mauritaniennes du groupe marocain Akwa, à savoir Mauricab (distributeur de carburant après acquisition des stations Total) et Maurigaz (distributeur de gaz butane), s’apprêtaient à quitter la Mauritanie. Akwa a réagi immédiatement à travers un cinglant démenti dans un droit de réponse, publié illico par l’auteur de la fake news soufflée par la représentation diplomatique d’Alger à Nouakchott, guère contente qu’un groupe marocain devienne un opérateur dans la distribution de carburant et de butane en Mauritanie, deux créneaux où la Sonelgaz algérienne a échoué, en 2018, à séduire les Mauritaniens.
Même le président algérien Abdelmadjd Tebboune himself va dévoiler au grand jour sa rage contre le succès retentissant d’El Guerguerat. En recevant, le 28 novembre dernier (jour du 63ème anniversaire de l’indépendance de la Mauritanie) Sidi Mohamed ould Mohamed Abdallah, le nouvel ambassadeur mauritanien à Alger venu lui présenter ses lettres de créance, Tebboune lui a demandé d’annoncer, sur le perron même d’El Mouradia, l’imminente entrée en fonction du passage frontalier algéro-mauritanien.
Ce passage frontalier, un autre fiasco du régime algérien, a été fermé unilatéralement par Nouakchott dans le cadre de la sécurisation du passage d’El Guerguerat, désormais érigé en poumon économique de la Mauritanie, qui empêche fermement toute incursion ou traversée de son territoire par les milices du Polisario. Dimanche 10 décembre, le ministre algérien de l’Intérieur, dépêché par Tebboune à Tindouf, a lui aussi annoncé que le poste frontalier algéro-mauritanien a été achevé à 99,6% (!) et qu’il entrera en fonction avant la fin de ce mois de décembre. Des annonces qui relèvent du verbiage aux antipodes des réalités commerciales et économiques.