Vous vous rappelez sans doute de l’affaire Tabit, que l’on avait qualifiée à l’époque de «procès du siècle». Même les Martiens connaissent. Fermez les yeux et imaginez, un seul instant, que l’étrange cas du commissaire Tabit, violent exhibitionniste et violeur en série, n’avait pas eu lieu en 1993, mais aujourd’hui. Imaginez les torrents de PV circulant sur le Net, les délires des réseaux sociaux, etc.
Aujourd’hui, et dans un autre genre, nous n’avons pas un Tabit mais plusieurs. Une flopée. Les cas sont aussi spectaculaires les uns que les autres. En face, ils provoquent une sorte de levée de boucliers, avec des révélations et des rebondissements à n’en pas finir. Toujours plus haut, plus loin, plus sordide…
Ce grand déballage mêle le meilleur au pire. Le meilleur, c’est la libération de la parole, qui a des vertus thérapeutiques. Le pire, c’est le reste, tout le reste.
Regardez le Parlement marocain, qui vit ses heures les plus sombres. Oui, c’est une lapalissade. Mais il faut quand même le rappeler. Il y a le feu. Ceux qui s’en «foutent» sont dans le tort. Aussi nul soit-il, ce Parlement les représente, qu’ils le veuillent ou non.
Le Parlement, c’est notre produit, notre famille, notre ADN aussi. Il ne sert à rien de feindre l’indifférence. Chacun a, au fond de lui, une fibre, quelque chose qui remue encore…
Il y a les élus qui sont jetés en prison pour trafic de drogue, corruption, viols, détournements en tous genres, spoliation foncière, etc. Et il y a les mal élus, les transhumants qui changent de chapelle comme de chemise ou de chaussettes, qui n’ont jamais milité nulle part, qui ne servent que leurs intérêts personnels.
Et puis il y a encore les cancres, ceux qui ronronnent au fond de la classe, qui siègent dans des commissions dont ils ne comprennent même pas l’intitulé.
C’est le grand cirque. Le monde à l’envers. La nullité est telle que l’on oublie que le Parlement est, théoriquement et démocratiquement parlant, l’élite du pays, la fine fleur, la crème de la crème.
Pour comprendre ce qui nous arrive, il suffit d’examiner le profil et le CV des élus. Le mal commence là, au départ. Beaucoup de parlementaires n’auraient jamais dû envisager de mettre les pieds dans l’hémicycle. Dans un monde normal, ils sont inenvisageables. Ils n’ont ni la vocation, ni la capacité de servir l’intérêt général.
Ils sont comme ce poisson mort qui empoisonne l’aquarium. Ils réduisent à néant les efforts des autres. Ils ternissent et dévoient la députation. Ils coupent le moteur même de la démocratie: l’acte de voter, dont ils peuvent vous dégoûter à jamais.
Comment ne pas avoir honte du «niveau» affiché par ces spécimens? Comment ne pas avoir peur et mal pour son pays? Comment garder son calme quand ces incapables peuvent faire capoter tous les projets de développement?
Bien sûr, on ne va pas jeter la pierre à tout le monde. Certains élus font le boulot et mouillent la chemise, mais beaucoup sont comme «ça»: incompétents et malhonnêtes, sans instruction et sans moralité.
Le Souverain vient d’adresser un cinglant rappel à l’ordre à ce beau monde. Debout les crabes, la mer remonte! La vie parlementaire doit être moralisée, il faut installer des garde-fous, quitte à adopter un code d’éthique contraignant…
Il faut commencer par là. Parce que, dans les faits, il est plus facile d’entrer au Parlement qu’au hammam public le plus proche. C’est à peine exagéré.
Beaucoup d’élus sont incapables de réussir le moindre concours d’entrée à la fonction publique. Parce que trop nuls. Ils n’ont pas le niveau et ne remplissent pas toutes les conditions. En plus d’être tricheurs et malhonnêtes. Mais ils se retrouvent quand même parachutés au Parlement. C’est ce miracle qu’il faut empêcher.