«Jeune Afrique»: quand Al Adl Wal Ihssane «ne fait plus recette»

Mohamed Abbadi (m), le secrétaire général d'Al Jamaâ, lors d'une précédente manifestation à Rabat.

Mohamed Abbadi (m), le secrétaire général d'Al Jamaâ, lors d'une précédente manifestation à Rabat. . DR

Revue de presseLe mouvement islamiste perd de sa force de mobilisation, affirme l'hebdomadaire international «Jeune Afrique» dans sa dernière livraison, en observant que la déferlante humaine attendue pour la marche du 15 juillet à Rabat, en soutien aux détenus d'Al Hoceima, «a finalement raté le rendez-vous».

Le 23/07/2018 à 15h53

La grande mobilisation qu’a laissé présager ce mouvement, qui tire sa seule légitimité sur l'échiquier politique de ses grandes démonstrations de force publique, pour cette marche, n’a pas eu lieu, insiste l’hebdomadaire dans un article sous le titre: «Justice et Bienfaisance ne fait plus recette».

«Pour chaque événement, la Jamaâ fait le minimum syndical pour signaler son poids prépondérant et semble désormais gérer sa capacité de mobilisation selon les causes défendues», analyse à ce propos le politologue Mohamed Darif, notant que celle-ci «ne jette jamais toutes ses forces dans une bataille menée par différents courants. Elle préfère ces dernières années économiser ses ressources pour ses propres causes».

Il s’agit d’un «repli stratégique imposé par une diminution de ses ressources financières, nécessaires quand il s'agit d'organiser de grands déplacements de militants», explique le politologue en notant que la disparition du fondateur de ce mouvement, Abdessalam Yassine, et l'exclusion des membres de son clan «ont réduit l'aura de la mouvance». Darif relève, par ailleurs, que le «nouvel homme fort de la Jamaâ, Mohamed Abbadi, a du mal à s'affranchir du fantôme de son prédécesseur, considéré comme un saint par les disciples». «Le discours politique du nouveau leader ne produit plus le même effet. Ni dans les médias ni auprès des militants», fait-il observer.

Al Adl Wal Ihssane pâtit aussi des accusations répétées de récupération politique des événements d'Al Hoceima, avance également l’hebdomadaire, qui précise que «les plus virulentes proviennent des militants d'extrême gauche, diamétralement opposés à la doctrine fondamentaliste de cette association islamiste au fonctionnement sectaire».

«Entre les deux clans, la rivalité dans la rue remonte à l'année 2000. Alors que fait rage le débat sur la réforme de la Moudawana le Code de la famille, les islamistes battent à plate couture les modernistes dans les deux marches organisées simultanément à Rabat et à Casablanca», rappelle-t-il, en relevant que les événements d'Al Hoceima ont offert un nouveau terrain d'affrontement à ces rivaux naturels que sont les islamistes et les modernistes, qui se disputent le monopole du soutien aux détenus.

Par Youssef Bellarbi
Le 23/07/2018 à 15h53