Dans une réponse à la Chambre des représentants sur les questionnements des députés quant au bien-fondé ou non du relèvement du prix de la bonbonne de gaz butane et ses répercussions, Fouzi Lekjaa, ministre délégué chargé du Budget, a clairement expliqué que la subvention du gaz butane ne faisait jusqu’ici qu’enrichir davantage les riches, sans profiter aux pauvres.
Selon les chiffres qu’il a divulgués et qui ont été repris par le quotidien Al Akhbar dans l’éditorial de son édition du mercredi 22 mai, l’Etat a consacré une subvention de 111 milliards de dirhams au gaz butane entre 2015 et 2023. Or, 20% des catégories démunies n’ont profité que de 2,5 milliards de dirhams seulement, soit 14%, de l’ensemble de cette enveloppe. A contrario, 20% des catégories les plus riches ont accaparé plus de 27% du total de cette subvention.
Lekjaa a rappelé que si le Maroc avait adopté, dès son indépendance, une politique de soutien aux produits de première nécessité et de large consommation dans le cadre de la solidarité sociale comme choix socio-économique, la réalité d’aujourd’hui, basée sur les dernières évaluations de la situation nationale, prouve que cette politique est devenue obsolète. Cela est particulièrement vrai pour la subvention du gaz butane qui ne fait aucune différence entre le riche et le pauvre. «Ce qui a eu comme effet de saigner la Caisse de compensation qui est devenue une poule aux œufs d’or pour les riches, gros consommateurs de gaz butane, peu consommé par les catégories les plus démunies», estime le journal.
De ce fait, ajoute Al Akhbar, «il est anormal que les lobbies des hôtels 5 étoiles et autres restaurants de luxe continuent à profiter des milliards de la subvention que leur procure la politique sociale de l’Etat, et qui doit normalement profiter aux seuls pauvres».
«Il est vrai que la décision de l’actuel gouvernement de relever le prix du gaz butane est intervenue suite à la prise de mesures d’appoint comme les aides directes consenties aux couches les plus pauvres, et ce contrairement à la libéralisation des prix du carburant qui a été prise par le gouvernement Abdelilah Benkirane sans le moindre filet social», conclut Al Akhbar.
Cela étant, il ne faut perdre de vue que la hausse du prix du gaz butane risque d’avoir des répercussions plus ou moins néfastes sur le pouvoir d’achat des citoyens si des mesures d’accompagnement concrètes ne sont pas prises afin d’empêcher l’explosion des prix d’autres produits de première nécessité dans la confection desquels entre le gaz butane.
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