C’est une guerre des chiffres à laquelle on s’est habituée lors des précédentes mandatures. Entre le gouvernement et des institutions comme le HCP ou Bank Al-Maghrib, on avait déjà connu des épisodes où chacun semblait utiliser une calculette avec sa propre arithmétique, tant les données communiquées par les uns et les autres étaient différentes. Cette guerre des chiffres que l’on croyait donc derrière nous, revient aujourd’hui de plus bel, touchant même à l’une des problématiques majeures que vit le pays actuellement, à savoir l’inflation.
Dans son édition du mercredi 29 mars, Al Ahdath Al Maghribia écrit qu’après la Banque centrale, l’Exécutif se retrouve aujourd’hui confronté à des critiques émanant d’une institution constitutionnelle de poids qu’est le Haut-commissariat au plan (HCP). Et c’est bien entendu la forte hausse des prix et l’inflation galopante qui vaut au gouvernement ces critiques.
Comme le rappelle la publication, le gouvernement avait fini il y a quelques jours par reconnaître son échec dans la lutte contre l’envolée des prix. C’était par la voix de son porte-parole la semaine dernière. Le HCP lui, par la voix de son patron Ahmed Lahlimi, a réagi en estimant que l’opinion publique doit être «mieux» respectée, en lui expliquant la vérité de la hausse sans précédent que connaissent les prix actuellement. Pour le Haut-commissaire au plan, c’est une condition essentielle pour que les populations comprennent et adhèrent aux réformes qui doivent être mises en place.
En fait, ajoute Al Ahdath Al Maghribia, la vérité dont parle Ahmed Lahlimi est que la hausse record des prix n’est pas conjoncturelle, mais tend à devenir structurelle. En d’autres termes, les Marocains devront s’habituer aux niveaux actuels des prix qui vont vraisemblablement devenir la norme. La même source explique également que l’inflation record que connait le Maroc s’explique par l’envolée de 20% des prix des produits alimentaires. Or, ces derniers sont pour une grande partie produit localement et ne sont donc pas impactés par des facteurs étrangers. Ceci fait dire au spécialiste que la crise actuelle est finalement une crise liée à l’offre des produits.
Il faut dire que le HCP a déjà eu à contredire de précédents gouvernements. Mais sa sortie aujourd’hui vient également tacler la dernière décision de Bank Al-Maghrib de relever le taux directeur à 3% pour lutter contre l’inflation. Pour le patron de l’établissement en charge des statistiques, cette décision ne devrait avoir aucun impact sur le terrain, vu que justement la cause de la crise n’est pas la forte demande, mais plutôt la faiblesse de l’offre. Or, le relèvement du taux directeur peut avoir d’autres répercussions sur plusieurs secteurs économiques, comme celui de l’immobilier.
Les remarques d’Ahmed Lahlimi n’ont semble-t-il pas plus au gouvernement. D’après Al Ahdath Al Maghribia, le ministre de la Jeunesse, de la culture et de la communication, Mehdi Bensaid y a répondu en rappelant que le HCP avait déjà émis par le passé des analyses et des prévisions qui ne se sont jamais vérifiées. Mais le ministre a tout de même tenté d’apaiser la situation en assurant que «les conclusions et recommandations du HCP seront prises en compte par le gouvernement qui étudiera leur pertinence. Ceci dans le cadre de sa responsabilité assumée de trouver une solution à la cherté des prix».