Grèves des enseignants: entre la loi et l’absurde

Marche nationale des enseignants du public le mardi 7 novembre 2023 à Rabat.

Revue de presseLes autorités publiques n’ont plus le choix. Soit elles appliquent la loi telle qu’elle est ou c’est le risque de voir d’autres secteurs de la fonction publique contaminés et la stabilité sociale compromise. Il n’y a pas de «troisième alternative». Une revue de presse du quotidien Al Akhbar.

Le 27/12/2023 à 20h24

Pour mettre fin à la tension dans l’école publique, le gouvernement vient de signer un accord définitif avec les cinq syndicats les plus représentatifs du secteur. Ce dernier comprend une série d’amendements et des mesures . «Et si en dépit de cet accord historique, les coordinations des enseignants insistent pour continuer à paralyser les écoles, cela relève de l’insouciance et du peu de cas qu’ils font de l’autorité de l’État et de l’État des institutions», commente le quotidien Al Akhbar dans l’édito de son édition du jeudi 28 décembre.

Pour l’éditorialiste, l’État est aujourd’hui devant deux situations. Ou bien il accepte de donner suite à toutes les revendications des grévistes. «Ce qui a un impact financier et conduit au report de la reconstruction d’Al Haouz à la suspension du versement des aides sociales directes et des aides au logement, à l’arrêt de la réforme de la Santé et la suspension des projets de dessalement, … Ce qui est évidemment impossible. Ou alors il décide d’appliquer la loi à l’encontre de ceux qui prennent à la légère le sort de 7 millions d’élèves. L’État ne peut pas se suffire de demi-solutions. Il ne peut pas non plus continuer à faire des concessions, à ne plus en finir en mettant de côté la loi», affirme le quotidien.

C’est pour cela, souligne l’éditorialiste d’Al Akhbar, que «nous le disons en toute franchise, si les autorités ne font pas aujourd’hui appel à l’État de droit, ce sont d’autres secteurs de la fonction publique qui vont être submergés par la vague de non-sens, de l’absurde et du négationnisme».

Selon le journal, «il n’existe point de zone grise face à l’absurde et face à ceux qui veulent jouer avec la stabilité sociale du pays. Il n’y a qu’une zone blanche et une autre, noire. Il est clair aujourd’hui que parmi ces personnes, ceux qui ont un agenda différent, qui ne se soucient point du sort de leurs concitoyens. Ceux-là, il est impossible de les dissuader de continuer à jouer à ce jeu de grèves auquel ils ont pris goût».

C’est pour cela, ajoute l’auteur de l’édito, qu’il faut appliquer pleinement la loi. Et l’on ne peut tolérer aucun retard en cela. Tout atermoiement, en ce sens, de la part des autorités publiques pourrait avoir des conséquences indésirables.

Le non recours à la solution idoine pour mettre fin à cette hémorragie et prévenir le risque d’une année blanche pourrait être interprété comme une incapacité des autorités à assumer leurs fonctions constitutionnelles. Ce qui pourrait générer des réactions furieuses de la part des parents d’élèves. Ces derniers n’accepteront pas de voir l’avenir de leurs enfants mis en danger par certains professeurs mécontents à cause d’un grade ou d’une augmentation de 500 dirhams.

Il est temps, conclut l’éditorialiste, «que les autorités publiques choisissent entre appliquer la loi ou laisser libre la voie à l’absurde».

Par Amyne Asemlal
Le 27/12/2023 à 20h24