Invité de l’émission «Grand Format», le patron du Bureau central d’investigations judiciaires (BCIJ), Cherkaoui Habboub, a mis en valeur le solide partenariat en la matière qui existe entre son département et de nombreux pays, à l’exception de l’Algérie. «Depuis la création du BCIJ en 2015, il n’existe aucune coopération avec ce pays», a-t-il martelé.
L’instabilité dans la vaste région du Sahel, où les actes terroristes font rage, a occupé une place importante dans cette entrevue qui a eu lieu au siège du BCIJ à Salé. Mais avant de développer ce thème, Cherkaoui Habboub a expliqué la stratégie de lutte antiterroriste mise en place par le Maroc sous l’égide du roi Mohammed VI. Celle-ci, est basée sur la promotion de l’arsenal juridique, l’organisation des fatwas qui relève du Commandeur des croyants et la lutte effective contre le terrorisme et les fortes violences.
«Le fait d’organiser en 2022 à Marrakech la conférence mondiale contre Daech, avec la participation de 70 pays, témoigne de l’importance du rôle que joue le Maroc en matière de lutte contre ce fléau», a-t-il déclaré en précisant qu’une résolution issue de cette rencontre stipule que «le terrorisme nourrit le séparatisme et que le séparatisme nourrit le terrorisme». Ce rôle incombe au BCIJ, qui a été créé après que le patron de la Direction générale de la surveillance du territoire national (DGST), Abdellatif Hammouchi, a été convaincu en 2015 de la nécessité de doter la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) d’un tel organisme.
Interrogé sur la dernière action terroriste qui a coûté la vie à un policier, Cherkaoui Habboub a confirmé l’implication de 10 autres personnes, en plus des trois principaux accusés. Ces 10 individus issus de Casablanca ont «des liens au niveau de la pensée radicale et jihadiste avec les trois principaux accusés sans qu’ils aient un rapport direct avec le crime».
Lire aussi : Marocains de Daech: nouvelles révélations chiffrées du BCIJ
D’autre part, le patron du BCIJ a indiqué que son service a démantelé depuis 2015 quelque 90 cellules terroristes, dont 84 appartenant à Daech. Dans ce cadre, 1.490 individus, y compris ceux impliqués dans l’affaire du meurtre du policier, ont été arrêtés. Au niveau des «combattants marocains qui ont rejoint les foyers de tension en Irak et en Syrie», Cherkaoui Habboub précise que leur nombre s’est élevé à 1.670, dont 141 ont été poursuivis et condamnés après avoir été remis au BCIJ.
Revenant au problème du terrorisme au Sahel, le patron de la lutte antiterroriste a rappelé que cette région est minée par des groupes terroristes dont l’idéologie radicale demeure vivace malgré les déroutes qu’a subies ce fléau.
Lire aussi : Lutte antiterroriste: le Sommet arabe appelle à tirer profit de l'expérience marocaine
Pour Cherkaoui Habboub, l’ancien terroriste Walid al-Sahraoui avait un solide lien avec l’Algérie. En 2015, selon lui, cet ex-élément du front séparatiste avait commis des actes terroristes en enlevant dans la région un Espagnol et un Italien.«Le front séparatiste a une forte relation avec les groupes terroristes. En témoigne l’incorporation, dernièrement, de 100 séparatistes au sein des groupes terroristes qui opèrent dans la zone», a expliqué le responsable sécuritaire, avant de souligner que «l’Algérie ne coopère pas du tout». Toutefois, avec les pays amis, comme les Etats-Unis, la France, l’Espagne, entre autres, la coopération antiterroriste est intense.
Interrogé sur la situation de la criminalité en général au Maroc, le patron du BCIJ a assuré qu’il n’y a «aucune crainte à se faire à ce sujet». «Le pays jouit d’une sérénité et d’une situation calme, sans désordre. Il y a des crimes normaux», a-t-il signalé. Quand à la question du crime organisé, il a révélé que jusqu’à présent, un total de 399 trafiquants (de tous genres), dont 11 étrangers, ont été présentés devant la justice, qui a déjà dit son mot.