Gouvernement: El Othmani est tombé dans le piège de Benkirane

DR

Revue de presseKiosque360. Pour éviter l’éclatement de sa majorité, El Othmani a tenté d’assagir son prédécesseur. Il a également promis des excuses publiques dans le cadre d’une sortie médiatique qu’il organisera au nom de la majorité.

Le 09/02/2018 à 21h40

Le chef du gouvernement vient de vivre des moments difficiles en raison de la sortie jugée irresponsable de son prédécesseur, il y a deux semaines, contre les chefs de deux partis de la majorité. Heureusement, la coalition gouvernementale a survécu, estime le quotidien Assabah qui rapporte l’information dans sa livraison du week-end des 10 et 11 février. 

Les chefs des six partis de la majorité se sont, en effet, réunis jeudi et se sont tout dit. Ils ont ainsi clairement demandé au chef du gouvernement s’il avait l’intention de se comporter comme son prédécesseur, dirigeant le gouvernement en semaine et endossant la casquette de l’opposition le week-end. Ils lui ont surtout demandé s’il cautionnait les propos de Benkirane contre ses alliés. Bien sûr, El Othmani a répondu par la négative.

Et si le chef du gouvernement, qui était présent en sa qualité de secrétaire général du PJD au moment où Benkirane s’attaquait aux patrons du RNI et de l’USFP, a applaudi à la fin de cette intervention, ce n’est pas pour signifier son approbation. S’il l’a fait, «c’est juste par habitude». Cela d’autant, affirme-t-il, qu’il ne cautionne pas du tout les propos de Benkirane, dont il ne partage d’ailleurs pas les opinions. Au contraire, a-t-il assuré devant ses partenaires, les deux hommes ont plus souvent été en désaccord, tant quand le parti était dans l’opposition que lorsqu’il a pris la charge des affaires publiques.

Bref, le mal est fait et l’important est d’éviter, à l’avenir, ce genre de «perturbation». Pour ce faire, explique Assabah, El Othmani s’engage à tenter d’assagir Benkirane et de le convaincre d’agir, dorénavant, en tant qu’homme d’Etat et ancien chef de l’Exécutif en cessant de s’attaquer aux partis de la coalition gouvernementale. En parallèle, le chef du gouvernement s’engage à organiser une conférence de presse pour exprimer clairement sa désapprobation des agissements de Benkirane et clarifier cette situation devant l’opinion publique. Ce faisant, les partis de la majorité souhaitent, pour éviter la cacophonie, que seul El Othmani, en tant que coordinateur, parle en public en son nom.

Pour leur part, affirme Assabah, les deux partis visés par les propos de Benkirane s’engagent à assister normalement aux prochains conseils de gouvernement. C’est que, explique un politologue cité par le journal, le fait que plusieurs ministres du RNI et de l’USFP aient manqué la dernière réunion du conseil de gouvernement est, en soi, un message. Ils veulent tout simplement signifier que le travail au sein de la majorité exige un certain niveau de discipline de la part des partis qui la forment.

En somme, note pour sa part le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du week-end, on peut dire qu’El Othmani s’est trouvé dans une situation peu enviable ces deux dernières semaines. Cependant, rapporte le journal, citant un proche collaborateur du chef du gouvernement, ce dernier écarte complètement le fait que l’USFP et le RNI aient projeté de boycotter les travaux du conseil du gouvernement jeudi dernier. De toutes les manières, explique la même source, aucun des bureaux politiques des deux partis n’a diffusé de communiqué faisant allusion à une telle décision. Et de conclure, «si cela arrivait, ce serait le début d’une grave crise».

Par Amyne Asmlal
Le 09/02/2018 à 21h40