En Espagne, le débat, plutôt vif, autour de la gestion de l’espace aérien du Sahara marocain refait surface. Pour l’heure confiée à Madrid par l’Organisation de l’aviation civile internationale, une agence de l’ONU, la question est au cœur des critiques formulées par le Parti populaire (PP), principal parti de la droite espagnole et majeur opposant au gouvernement Sánchez.
La semaine écoulée, le PP a de nouveau marqué son opposition à un transfert de la gestion de cet espace aérien au Maroc en présentant une proposition de loi au Congrès des députés visant à rejeter cette cessation. Un transfert actuellement en discussion entre Rabat et Madrid dans le cadre de la feuille de route conjointe adoptée en avril 2022. Ceci, à la suite de l’appui historique apporté par l’État espagnol à la marocanité du Sahara et son soutien à l’option d’autonomie sous souveraineté du Royaume des provinces du Sud comme seule solution au conflit. Menant une véritable campagne contre le nouveau visage du partenariat entre les deux pays, et qui a atteint des niveaux inédits d’entente et de coopération, le PP fait de la gestion de l’espace aérien au Sahara un point de fixation. Non contraignante, la proposition sera débattue et soumise au vote le jeudi 10 avril prochain au sein de la Commission des Affaires étrangères de la Chambre basse, indique le quotidien El Independiente, qui fait sienne la position de la droite espagnole.
«Une trahison des intérêts de l’Espagne»
«Le manque de transparence de la part du gouvernement sur cette question ne peut être toléré ni accepté. Céder la gestion de l’espace aérien du Sahara occidental au Maroc sans débat parlementaire, sans garanties juridiques et sans transparence constituerait une trahison des intérêts de l’Espagne et un précédent grave dans la politique étrangère espagnole», alertent les membres du Parti populaire. «Le gouvernement ne peut pas continuer à agir dans le dos des intérêts stratégiques de notre pays ni sacrifier la position de l’Espagne sur la scène internationale en échange de concessions unilatérales incompréhensibles», concluent-ils.
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Le Parti populaire, dirigé par Alberto Núñez Feijóo, exhorte le gouvernement à informer «immédiatement» le Congrès des députés des termes des négociations avec le Maroc et, surtout, à «garantir le maintien de la gestion espagnole de cet espace aérien et continuer à exercer cette mission sous la supervision de l’OACI». L’exécutif espagnol aura également à «demander à l’OACI de confirmer que l’Espagne doit continuer à gérer l’espace aérien du Sahara occidental en empêchant tout transfert de compétences qui violerait le cadre juridique en vigueur».
«Faire perdurer indéfiniment le statu quo»
Dans ce qui ressemble à une réponse du gouvernement espagnol, le ministre des Affaires étrangères, de l’Union européenne et de la Coopération, José Manuel Albares, a dénoncé l’attitude de «certains acteurs qui cherchent à faire perdurer indéfiniment le statu quo et prolonger éternellement le conflit» autour du Sahara, qui dure depuis déjà 50 ans.
Il est «insensé et irresponsable» de justifier un tel blocage sous prétexte de principes figés, et de vouloir entretenir par tous les moyens cette situation d’impasse pendant encore 50 ans, un siècle ou deux, a dit Albares lors d’un entretien avec la station Radiocable (voir vidéo à partir de 57:30).
Réaffirmant la position constante et cohérente de l’Espagne concernant la question du Sahara, le chef de la diplomatie espagnole a souligné la volonté claire et résolue de son pays de mettre un terme à cette situation de blocage qui dure depuis plus d’un demi-siècle, tout en appelant à une solution «urgente et réaliste» à ce différend régional.
Albares a fait observer que la position de l’Espagne au sujet de la question du Sahara est clairement exprimée dans la Déclaration conjointe hispano-marocaine adoptée lors de la visite effectuée en mars 2022 par le président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, à Rabat, à l’invitation du roi Mohammed VI.
Le chef de la diplomatie espagnole a de même mis en avant la solidité du partenariat stratégique liant le Maroc et l’Espagne, notamment en matière de lutte contre le terrorisme et les réseaux de traite des êtres humains, insistant par la même occasion sur «l’importance des intérêts communs» des deux Royaumes. Albares a, en outre, salué l’organisation commune par l’Espagne, le Maroc et le Portugal de la Coupe du monde de football 2030, y voyant une opportunité stratégique pour renforcer davantage les relations de partenariat et de bon voisinage entre les deux pays.
Autant dire que le partenariat Maroc-Espagne est un tout que certains, pour des considérations strictement idéologiques ou politiciennes, cherchent par tous les moyens à torpiller. Une improbable gageure.
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