La troisième vice-présidente et ministre espagnole de la Transition écologique, Teresa Ribera, se rend en Algérie ce mercredi 27 octobre 2021, quatre jours avant l'expiration du contrat du Gazoduc Maghreb-Europe (GME), rapporte l’agence de presse espagnole EFE.
Citant des sources diplomatiques, EFE indique qu’il s’agit d’une visite officielle qui «vise à poursuivre la coopération dans tous les secteurs énergétiques (hydrocarbures, énergies renouvelables)».
Le chef de la diplomatie espagnole, José Manuel Albares, s'était rendu lui aussi à Alger le 30 septembre dernier et avait alors déclaré avoir obtenu des garanties d'Alger quant à la sécurisation de l’approvisionnement de l’Espagne en gaz algérien, y compris en cas de non reconduction du contrat du GME transitant par le Maroc.
«Des analystes et des experts ont exprimé leurs doutes sur la manière dont l'Algérie entend compenser les volumes contractuellement convenus avec l’Espagne», ajoute EFE, confirmant ainsi les craintes persistantes concernant la capacité limitée du gazoduc Medgaz, reliant directement l’Algérie au port d’Almeria à travers la Méditerranée.
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En effet, l’Espagne est consciente que Medgaz, d’une capacité maximale de 8 milliards de mètres cubes par an, n’est pas en mesure d’acheminer les quantités contractuelles entre Sonatrach et Naturgy, et dont la plus grande partie transitait via le GME, doté à lui seul d’une capacité de plus de 13,5 milliards de mètres cubes par an. Sans parler du risque d’interruption des livraisons, en cas d’avarie du pipeline.
La solution claironnée par le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, celle de l'acheminement du gaz algérien par des méthaniers, n’est pas du tout réaliste, l’Algérie ne disposant que d’une petite flotte de quatre bateaux en mesure de transporter du gaz naturel liquéfié (GNL).
L’agence EFE, citant les mêmes sources diplomatiques, souligne qu’au fond de cette affaire se cache «l'inquiétude du gouvernement algérien face aux fluctuations des prix de l'énergie, en particulier du gaz, puisque les contrats ont été signés à un prix nettement inférieur à ceux actuels».
«La même inquiétude est soulevée en Espagne où l’on craint que la fin de l'approvisionnement via le GME ne renchérisse les coûts de production industrielle et, par conséquent, le prix de l'électricité», précise EFE.
En cas de non reconduction du GME, l’Algérie serait obligée de renégocier le contrat d’approvisionnement du marché espagnol avec ce que cela provoque comme manque à gagner au vu du décalage énorme des prix entre les livraisons spot (court terme) et les contrats à long terme déjà engagés avec son client espagnol, Naturgy.
L’agence EFE rappelle à ce titre les propos tenus par le Premier ministre et ministre des Finances algérien, Ayman ben Abderrahmane, qui a admis dimanche que l'Algérie s'attend à «une baisse exceptionnelle des revenus, notamment des bénéfices des entreprises publiques Sonatrach et Sonalgaz, en lien avec les fluctuations du marché, mais aussi du fait de certaines politiques géostratégiques adoptées».
Du côté marocain, au niveau de l’Office national des hydrocarbures et des mines (Onhym) et du ministère de l’Energie, c’est le mutisme total, alors que les négociations se poursuivent encore entre techniciens marocains et espagnols sur des pistes alternatives en cas de non reconduction du contrat du GME. Wait and see...