Le compte à rebours est lancé. Dans une semaine seulement, intervient l’arrivée à échéance du contrat d’exploitation du Gazoduc Maghreb-Europe (GME), entré en vigueur le 1er novembre 1996, pour une durée de 25 ans.
Une première réunion technique a eu lieu le mercredi 20 octobre dernier, entre d’une part la délégation marocaine, conduite par l’Office national des hydrocarbures et des mines (Onhym) et, d’autre part, la partie espagnole, composée de représentants du ministère de l’Energie, du groupe Enagás et de Naturgy.
Plusieurs scénarios sont sur la table des négociations et rien n’est encore tranché sur le sort du GME reliant l’Algérie à l’Espagne et transitant par le Maroc, confie, interrogée par Le360, une source proche du dossier.
L’Europe est actuellement touchée par une crise énergétique sans précédent. Alors que les stocks de gaz sont au plus bas, l’Espagne est très préoccupée par la sécurisation de son approvisionnement et ne peut compter uniquement sur Medgaz, le gazoduc qui relie directement l’Algérie à l’Espagne en passant par la Méditerranée, a expliqué cet interlocuteur, qui a requis l'anonymat.
Le gazoduc Medgaz, dont la capacité est limitée à 8 milliards de mètres cubes par an, n’est pas en mesure d’acheminer les quantités contractuelles convenues entre l’Algérie et l’Espagne, sans parler du risque d’interruption des livraisons, en cas d’avarie du pipeline. La solution des méthaniers, claironnée par le président Abdelmadjid Tebboune, n’est pas réaliste, l’Algérie ne disposant que d’une petite flotte composée de quatre bateaux en mesure de transporter du gaz liquifié.
C’est la raison pour laquelle l’Espagne, qui s’attend à un hiver rugueux, a besoin de maintenir le Gazoduc Maghreb-Europe, doté à lui seul d’une capacité de plus de 13,5 milliards de mètres cubes par an.
A ce jour, la position du Maroc à l’égard de cette infrastructure reste intacte. «La volonté du Maroc de maintenir cette voie d’exportation a été clairement affirmée de manière constante, à tous les niveaux, depuis plus de trois ans», avait affirmé le 18 août dernier la directrice générale de l’Onhym, Amina Benkhadra, dans une déclaration à l’agence de presse MAP.
Le Maroc mène les négociations en faisant preuve de réalisme, prêt à défendre ses intérêts quelle que soit l’option retenue. En cas de non-reconduction du GME avec l’Algérie, le Maroc sera contraint d’inverser le sens des flux, de sorte à pouvoir importer du gaz (pas forcément algérien) à partir des ports espagnols avant de l’acheminer via ce même gazoduc jusqu’aux centrales de Aïn Beni Mathar et de Tahaddart. Alimentées jusqu’ici par le gaz algérien, ces deux centrales contribuent à hauteur de 17% à la production électrique nationale.