Le sort du Gazoduc Maghreb-Europe (GME) qui relie les puits de Hassi R’mel en Algérie, à Tarifa en Espagne, en traversant le territoire marocain sur 540 kilomètres, semble bien se préciser. Sans surprise, dès ce 1er novembre 2021, Alger cessera d’approvisionner le marché espagnol via cet ouvrage.
Lors d'une visite éclair à Alger, hier, mercredi 27 octobre, la ministre espagnole de la Transition écologique, Teresa Ribera, aura finalement compris à quel point le régime algérien était profondément engagé dans une spirale de haine envers le Maroc, quitte à y perdre des clients et de l’argent.
L’Espagne, qui n’a toujours pas de visibilité sur l’évolution future de son approvisionnement en gaz algérien, saura ainsi mesurer l’irrationalité d’un régime qui agit à rebours de ses intérêts. Avec sa décision d’interrompre unilatéralement les livraisons de gaz via le GME, l'un des rares exemples pourtant fonctionnels d'une coopération régionale, qui a su montrer son efficacité tout au long d'un quart de siècle, Alger entend aujourd’hui imposer à Madrid une solution alternative totalement inadaptée, irrationnelle et contraire à toute logique économique. En lieu et place du GME, Alger entend désormais en effet acheminer son gaz via Medgaz, reliant directement Hassi R’mel à Almeria, au sud de l’Espagne, alors que ce gazoduc, d’une capacité limitée, évaluée à 8 milliards de mètres cubes par an, contre plus de 13,5 millions de mètres cubes annuels pour le GME.
Au-delà de ses répercussions immédiates sur les circuits d’approvisionnement en gaz naturel, cette affaire autour du GME sera, finalement et à bien des égards, bénéfique aussi bien pour le Maroc que pour l’Espagne.
«Nous savons maintenant que nous ne pouvons pas compter sur un partenaire non fiable, encore plus quand il s’agit de dossiers à caractère stratégique. A travers cet acte de sabotage, le régime algérien nous aide aujourd’hui à s’affranchir et à repenser de manière fiable notre vision stratégique dans un cadre de coopération régionale plus solide», explique ainsi, interrogée par Le360, une source proche du dossier.
La rupture unilatérale de ce contrat tripartite concernant le GME par Alger vient donc rappeler une fois encore s'il le faut, le décalage net qui prévaut entre l’Algérie, pays sous l’emprise d’un pouvoir imprévisible, irresponsable et manquant de sérieux et le Maroc, qui prend de l’élan et qui orchestre depuis plusieurs années un ensemble cohérent et ambitieux de stratégies sectorielles.
«Nous ne pouvons pas atteindre nos objectifs stratégiques en comptant sur un régime fou. L’affaire du gazoduc n’aura aucun impact sur le Maroc. S’il le faut, les adaptations nécessaires seront apportées et elles sont sur la table depuis lontemps», poursuit cet interlocuteur.
Au Maroc et à l’Espagne à présent de décider de la tournure que prendra leur coopération sur ce dossier: «Rabat et Madrid devront faire preuve d’imagination pour montrer qu’on ne donne pas une prime aux spoilers, à ceux qui n’ont d’autre stratégie que de torpiller toute idée de coopération régionale entre l’Afrique et l’Europe», conclut cette source ayant requis l'anonymat.
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Anticipant l’arrivée à échéance du contrat du GME, le Maroc mène en effet actuellement des négociations discrètes avec l’Espagne sur d'autres pistes alternatives. Plusieurs scénarios sont sur la table, dont l'un porte sur l’inversement des flux du GME (un reverse flow, selon le terme technique consacré), de sorte à pouvoir importer du gaz (pas forcément algérien) à partir des ports espagnols, avant de l’acheminer via le même gazoduc jusqu’aux centrales de Aïn Beni Mathar et de Tahaddart. Alimentées jusqu’ici par le gaz algérien, ces deux centrales contribuent à hauteur de 17% à la production électrique nationale.
Le vendredi 15 octobre dernier, le Maroc a annoncé avoir prolongé de dix jours la durée de l'appel d’offres qui avait été lancé pour la construction d’une station de transformation de gaz liquéfié en gaz naturel, au large des eaux territoriales marocaines.
Cette période prorogeant le délai de l'appel d'offres, laquelle est motivée par un engouement des opérateurs, pourra être mise à profit par les soumissionnaires, qui pourront répondre à une demande d'informations complémentaires à leur offre, préalablement déposée le 15 juin 2021, tout en tenant compte de l'ajout d'un site supplémentaire, au nord du Royaume. Les soumissionnaires détailleront aussi la structuration du financement envisagé, ainsi que les conditions du contrat d'approvisionnement en gaz, avait précisé le ministère de la Transition énergétique et du développement durable dans un communiqué.