Futur gouvernement: les faucons du PJD se soulèvent contre l’article 42 de la Constitution

Abdelilah Benkirane, secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD).

Abdelilah Benkirane, secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD). . DR

Revue de presseKiosque360. Le PJD se soulève contre l'article 42 et considère que l’article 47 de la Constitution est de loin le plus important de la loi suprême. Le parti estime que toute lecture de cet article qui ne coïncide pas avec la sienne est une atteinte au processus démocratique.

Le 17/11/2016 à 21h06

Les faucons du PJD n’éprouvent aucune gêne à refuser au roi son droit d’exercer ses attributions, contenues dans l’article 42 de la Constitution. Les plus radicaux des cadres du PJD visent principalement ses attributions de «garant de la pérennité et de la continuité de l’Etat et arbitre suprême entre les institutions», rapporte le quotidien Assabah dans son édition du vendredi 18 novembre.

Ainsi, et selon Mohamed Yatime, dirigeant et membre fondateur du PJD, toute interprétation de l’article 47 est considérée comme une «fatwa». Le PJD s’accroche donc à sa propre lecture de cet article qui précise que le roi nomme le Chef de gouvernement parmi le parti arrivé en tête des élections et selon leurs résultats.

Pour les ténors du parti islamiste, cet article est, dans l’absolu, le plus important de la Constitution de 2011 car, selon eux, il donne un caractère concret et moderne à l'action parlementaire et démocratique dans notre régime politique, tel que spécifié dans le Préambule de la loi suprême. Pour le PJD, c’est justement cet article qui a fait que la classe politique et les organisations syndicales aient réagi positivement au nouveau texte de la Constitution et aient appelé à son adoption.

Le dirigeant islamiste est même allé, affirme le journal, jusqu’à qualifier de «cauchemar» une éventuelle intervention du souverain, dans le cadre de l’exercice de ses attributions constitutionnelles, pour débloquer la situation actuelle. Il considère que l’article 47 est justement là pour mettre fin aux pratiques non démocratiques qui vidaient le processus électoral de son sens politique.

Yatime, qui n’a pas mâché ses mots, ne s’est pas privé de quelques invectives, ici et là, mettant en doute l’indépendance et la neutralité des médias et l’autonomie de décision des partis politiques. Le problème, dit ce dirigeant souvent qualifié de porte-flingue de Benkirane, n’est pas lié à un quelconque vide constitutionnel, mais à une interprétation de la Constitution qui nous fera revenir à l’avant 2011. Le problème, ajoute-t-il, se pose quand les partis sont incapables d’une lecture démocratique de la Constitution, incapables de prendre leurs décisions en toute indépendance et en respectant la volonté publique exprimée lors des élections et quand les décisions des partis politiques ne sont pas le produit d’une culture démocratique et le résultat de calculs étriqués, de manœuvres et de tactiques qui vont à l'encontre de la logique démocratique et de la volonté des électeurs.

Dans cette sortie médiatique sur le site internet de son parti, Yatime, comme d’autres faucons du parti, a intentionnellement évité de faire référence à l’article 42, rappelle le quotidien.

Selon le journal, le langage de Yatime, qui exprime la manière de penser du clan radical du PJD, n’est pas exempt, comme souvent, de menaces à peine voilées et d'allusions au recours à la rue pour imposer par la force les positions et la manière de voir du PJD. Ce qui, tempère-t-il, n’est pas dans l’intérêt du pays dont les citoyens commencent à peine à se familiariser avec la pratique démocratique.

Par Amyne Asmlal
Le 17/11/2016 à 21h06