Les fatwas du salafiste Abou Naim à l’encontre du premier secrétaire de l’USFP, des femmes et des hommes de la gauche marocaine ainsi que de plusieurs intellectuels, occupent l’essentiel des colonnes de Al Ittihad Al Ichtiraki daté de ce samedi 4 janvier. Le quotidien du parti de la rose, la formation politique visée par ces deux fatwas, ne mâche pas ses mots. Pour le journal, l’heure est grave. Preuve en est, il consacre tout un dossier au terrorisme. Une manière d’alerter l’opinion publique et l’Etat sur le danger de telles fatwas.
L’éditorialiste d’Al Ittihad Al Ichtiraki, Abdelhamid Jmahri, estime que Mustapha Ramid, ministre de la Justice, n’a pas véritablement mesuré l’impact des deux fatwas d’Abou Naim. Preuve en est, il n’a toujours pas déclenché de procédure judiciaire à l’encontre de l’auteur de ces fatwas contre Driss Lachgar, en sa qualité d’abord de citoyen menacé et ensuite en tant que premier secrétaire de l’USFP. Ramid s’est limité à un commentaire laconique : "Celui qui s’estime lésé doit recourir à la justice". Pour l’éditorialiste, "il ne s’agit pas d’une dispute dans un bus !". Et de se demander pourquoi une procédure a été enclenchée rapidement dans l’affaire de Ali Anouzla et pas dans celle d’Abou Naim.
Le parquet ouvre une enquête
Petite consolation. La direction du parti de l’USFP doit être soulagée en apprenant que l’Exécutif a décidé d’ouvrir une enquête sur cette affaire. L’annonce a été faite à l’issue du conseil du gouvernement tenu vendredi. Sur le journal Annass, l’universitaire et politologue Mohamed Darif fait savoir que, compte tenu du nouveau paysage politique, certains ont cru que le phénomène du takfirisme allait reculer. C’était aller vite en besogne, selon le chercheur. Pour Darif, les auteurs des appels à l’extrémisme continuent de véhiculer des idées qui, sur la forme, s’apparentent à des avis mais qui, au fond, sont des fatwas. Le gouvernement s’est finalement décidé à diligenter une enquête judiciaire au sujet de ces fameuses fatwas d'Abou Naim. Certes, il a pris du temps avant de passer à l’acte. Or, aujourd’hui plus que jamais, l’Exécutif dirigé par le PJD doit contrer une bonne fois pour toutes ces fatwas faites par ces illuminés.