Emploi et investissements: tensions entre Aziz Akhannouch et des députés de l’opposition

Aziz Akhannouch, chef du gouvernement, prend la parole au pupitre de l'hémicycle de la Chambre des représentants, le 11 octobre 2021, à Rabat.

Revue de presseÀ la séance plénière au Parlement consacrée aux questions orales, le lundi 10 juin, le chef du gouvernement a répondu aux critiques de députés de l’opposition, et a précisé que les investissements publics avaient atteint des niveaux record, dont la part n’avait encore jamais été égalée dans l’économie nationale. Le bilan chiffré que leur a livré Aziz Akhannouch ne les ayant pas convaincus, ils ont brandi ce contre-argument: l’attractivité, jugée faible et peu à même d’attirer des Investissements directs étrangers (IDE), de l’économie nationale. Ils ont cité à ce propos les cas de différents pays du continent. Une revue de presse d’Al Ahdath Al Maghribia.

Le 11/06/2024 à 18h39

Dans l’hémicycle de la Chambre des représentants, le lundi 10 juin 2024, les questions touchant à l’emploi et aux investissements ont tourné à une confrontation directe entre le chef du gouvernement et des députés de l’opposition.

À cette séance plénière mensuelle, consacrée aux questions orales des députés, le chef du gouvernement a souligné que l’équipe qu’il dirige était en droit d’être «[fière] de ce qu’[elle avait] réalisé dans les domaines de l’investissement et de l’emploi».

Aziz Akhannouch a affirmé que «l’ensemble des Marocains ont concrètement perçu que notre conviction et nos engagements étaient en train d’être mis en œuvre de manière réaliste, en respectant la confiance qu’ils ont placée en ce gouvernement, pour leur permettre de retrouver l’espoir en un avenir meilleur», relaie Al Ahdath Al Maghribia de ce mercredi 12 juin.

Le chef du gouvernement a aussi expliqué aux députés que les investissements publics avaient entamé un virage qu’il a qualifié d’«historique», et a précisé que les chiffres à ce propos étaient éloquents.

Aziz Akhannouch les a donc informés sur le fait que «la valeur totale des investissements publics se répartit entre la part du budget de l’État, qui a atteint 103 milliards de dirhams (MMDH), le budget des établissements et des entreprises publiques (152 MMDH), le budget du Fond Mohammed VI pour l’investissement (45 MMDH), le budget des collectivités territoriales (20 MMDH) et le budget du Fonds spécial pour la gestion des effets du séisme d’Al Haouz (20 MMDH)».

L’objectif optimal recherché, a-t-il indiqué, est de rétablir un équilibre entre les investissements publics et privés.

En effet, les apports capitalistiques privés, a insisté le chef du gouvernement, bénéficient désormais d’un effort supplémentaire de la part de l’État, et revêtent aujourd’hui une importance identique à celle accordée aux investissements publics, contrairement à la répartition qui a pu prévaloir jusqu’ici.

L’ensemble des données que le chef du gouvernement a livré aux députés présents dans l’hémicycle n’a cependant pas suffi à convaincre ceux de l’opposition.

Al Ahdath Al Maghribia relate ainsi le fait que Abderrahim Chahid, président du groupe parlementaire de l’Union socialiste des forces populaires (USFP), s’est lancé dans une critique sur le manque d’attractivité de l’économie nationale, qu’il a jugé «faible» et peu à même d’attirer des Investissements directs étrangers (IDE). Le député de l’USFP a précisé que les IDE au Maroc avaient fortement baissé en 2023, en recul de 53,3% comparativement à l’année précédente.

Abderrahim Chahid a aussi affirmé que les économies de différents pays d’Afrique étaient devenues plus attractives que celle du Maroc, indiquant qu’en 2023, «l’Égypte a attiré plus de 11 milliards de $ [d’Investissements directs étrangers, Ndlr], l’Afrique du Sud, 9 milliards de $, l’Éthiopie, 3,7 milliards de $, le Sénégal, 2,6 milliards de $, quand le Maroc s’est contenté d’attirer 1,1 milliard de $ d’IDE».

Intervenant à son tour, Abdallah Bouanou, chef du groupe parlementaire des députés du Parti de la justice et du développement (PJD, opposition), a quant à lui estimé que cette faiblesse de l’attractivité de l’économie nationale était due à une «association entre l’argent, le pouvoir, la rente et l’investissement».

Par Hassan Benadad
Le 11/06/2024 à 18h39