Entre vendredi soir et ce samedi 26 septembre, plusieurs médias mauritaniens font état de «mouvements sans précédent du Polisario en direction de la frontière nord de la Mauritanie», comme le titre le site anbaa.info.
Selon ce média, le Polisario aurait déjà prémédité un plan, qu’il compte exécuter dans les tout prochains jours, en vue de bloquer durablement le trafic commercial transitant par le passage d’El Guerguerat. La méthode utilisée serait celle d’un convoi de plusieurs véhicules, transportant de soi-disant civils, qui organiseront un sit-in au niveau de la zone tampon, large de quelque trois kilomètres et séparant les deux postes-frontières d’El Guerguerat, côté marocain, et le point kilométrique 55, côté mauritanien. L’objectif de ces «envoyés très spéciaux» de l’Algérie à El Guerguerat serait d’exiger (de qui?) la fermeture de la frontière maroco-mauritanienne.
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Ce samedi, un autre site mauritanien, elwiam.info, affirme que sans «l’incitation et le soutien du gouvernement algérien qui le manipule dans le seul but de s’attaquer aux intérêts du Maroc, le Polisario n’aurait jamais pu préparer seul un acte aussi grave que celui de la fermeture de la route reliant le Maroc et la Mauritanie, acte qui est en soi une violation du cessez-le-feu de 1991».
Sous le titre «Passage d’El Guerguerat: quand est-ce que le Polisario cessera-t-il de jongler avec les intérêts de la Mauritanie?», le média écrit que «si cet acte semble viser le Maroc, il est en réalité et en priorité dirigé contre les intérêts vitaux de la Mauritanie. En effet, la dépendance du marché mauritanien en fruits et légumes surtout, importés chez le voisin du Nord, ne peut souffrir aucune obstruction, car cela pourrait être interprété soit comme une volonté de faire renchérir les prix de ces produits, ce dont pâtirait surtout le citoyen mauritanien, soit comme un dangereux défi lancé aux autorités, à la souveraineté et à la sécurité alimentaire mauritaniennes». C’est donc un coup dur que le Polisario, «agissant sous le parapluie algérien», veut ainsi asséner à l’économie mauritanienne, qui n’a rien à gagner des «slogans du Polisario remettant en cause la marocanité du Sahara», écrit alwiam.info.
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Pour rappel, en plus des importations à partir du Maroc qui lui permettent d’approvisionner ses marchés et de créer de nombreux emplois, la Mauritanie exporte également, via le Maroc, d’importantes cargaisons de poisson congelé vers les marchés européens.
D’ailleurs, c’est cette interdépendance stratégique liant les deux voisins magrébins de la côte atlantique, et qui s’étend également aux pays de l’Afrique de l’Ouest, qui rend fou-furieux le duo Algérie-Polisario. Ce dernier y voit bien que pour la communauté internationale, il n’y a pas de place pour une entité quelconque entre le Maroc et la Mauritanie. Cela transparait clairement dans les dernières résolutions du Conseil de sécurité qui ne cessent de réaffirmer qu’il n’y a de solution au conflit créé autour du Sahara que celle du réalisme et donc du compromis politique. Mieux, la sécurité, le pacifisme et la continuité du trafic commercial transitant par le passage d’El Guerguerat, de par les avantages économiques qu’en tire la majorité des pays de l’Afrique de l’Ouest, sont devenus une ligne rouge onusienne, sur laquelle veillent désormais les observateurs de la Minurso.
Face donc à l’interdiction formelle qui lui a été faite par le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, de ne plus envoyer un seul homme armé dans les zones tampons, ni d’entraver sous quelque prétexte que ce soit le trafic commercial transitant par le passage d’El Guerguerat, le Polisario tente cette fois-ci de jouer son va-tout. Il cherche, à travers la préparation de ce plan désespéré, à bloquer la dynamique créée par la résolution 2494, à laquelle l’Algérie l’empêche fermement de souscrire. Et à se rappeler au souvenir du Conseil de sécurité qui adopte à la fin du mois d’octobre une résolution sur le Sahara.