Egypte : La classe politique marocaine réagit

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Pour Hamid Chabat, SG de l'Istiqlal, c'est la fin du modèle islamiste. Après la chute de l’ancien régime de Hosni Moubarak, l’expérience de l’Egypte "a surpris", selon Abdelkrim Benatiq, SG du Parti travailliste.

Le 01/07/2013 à 20h21, mis à jour le 02/07/2013 à 09h18

Après l’ultimatum lancé lundi par l’armée égyptienne en menaçant d’intervenir si les forces politiques ne s’entendent pas pour sortir le pays de la crise politique, plusieurs intellectuels et hommes politiques marocains ont estimé que "l’Egypte est entrée dans une phase d’incertitude", l’avenir étant "flou". Contactés par Le360, des responsables au sein du PJD, chef de file du gouvernement, n’ont pas été en mesure de s’exprimer sur la situation politique en Egypte.

"L’avènement des islamistes au pouvoir notamment en Egypte est un modèle qui a échoué même sur le plan international", a estimé Hamid Chabat, secrétaire général de l’Istiqlal, dans une déclaration exclusive à Le360. "C’est un projet islamiste qui a été expérimenté dans le monde mais qui a échoué et l’Istiqlal a été l’un des premiers partis politiques à avoir anticipé en mettant en garde contre l’échec de ce modèle au Maroc", a affirmé Chabat. Et de préciser : "Dans notre mémorandum transmis le 3 janvier au chef du gouvernement, nous avons dit à Benkirane qu’il ne faut ni "tunisionner ni égyptionner (en référence à la Tunisie et à l’Egypte) le Maroc. Nous avons déclenché la sonnette d’alarme". "Morsi (président égyptien), Ghannouchi (chef islamiste tunisien) et Benkirane ont une même logique et un même modèle à savoir l’islamisation à outrance. Benkirane voudrait appliquer ce modèle. Nous luttons contre l’autoritarisme. Ce modèle a échoué", a estimé le secrétaire général de l’Istiqlal avant de conclure : "c’est la fin des frères musulmans dans le monde arabe".

La rue devient un acteur principal

Pour Abdelkrim Benatiq, secrétaire général du Parti travailliste, qui est revenu au bercail en siégeant au sein de l’USFP, plusieurs pays du monde arabe sont rentrés dès 2011 dans une zone "d’incertitude", citant la Tunisie, la Libye, l’Egypte et la Syrie, dont l’Occident a joué un rôle dans sa "déstabilisation". Après la chute de l’ancien régime de Hosni Moubarak, l’expérience de l’Egypte "a surpris", selon Benatiq. "Après un face à face entre les islamistes et l’armée, on est actuellement devant une autre surprise, celle de voir la rue devenir un acteur principal, la révolution inachevée et le doute s’installent", a-t-il conclu après avoir exprimé son amertume devant cette situation car, selon lui, l’Egypte "a toujours joué dans le passé un équilibre dans le monde arabe ".

"La situation est catastrophique", a qualifié pour sa part Khalid Chégraoui, analyste politique de l’Afrique et du Moyen-Orient. "L’Egypte est en train de vivre le même scénario qu’en 1952 quand les islamistes avaient comploté avec l’armée contre la monarchie. L’Occident dont les Etats-Unis ont comme alliés les frères musulmans", selon Chegraoui. "Le printemps arabe est pire qu’un hiver arabe en ce moment. Il a été déjà préparé par l’Occident en 2007 en application de la théorie de l’Américain Gène Sharpe qui prône le renversement des régimes dictatoriaux par des procédés de paix", selon cet analyste pour qui l’Egypte "est un régulateur des problèmes du Moyen-Orient et de la nation arabe".

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 01/07/2013 à 20h21, mis à jour le 02/07/2013 à 09h18