Dix ministres israéliens d’origine marocaine font délirer les médias algériens

Photo publiée par Amir Peretz sur sa page Facebook, lors d'une visite au Parlement marocain.

Photo publiée par Amir Peretz sur sa page Facebook, lors d'une visite au Parlement marocain. . DR

Le nouveau gouvernement israélien mis en place dimanche dernier comprend dix ministres d’origine marocaine. L’analyse que font les médias algériens de cette forte présence judéo-marocaine dans le nouvel Exécutif israélien est emblématique de la complotite dont souffre le régime d’Alger.

Le 19/05/2020 à 20h45

Décidément l’Algérie, pouvoir et médias à sa solde, ne manque pas la moindre occasion d’étaler au grand jour son obsession maladive à l’égard du Maroc. La dernière vague sur laquelle le voisin oriental a tenté de surfer n’est autre que la forte présence, au sein du nouveau gouvernement israélien, de dix ministres d’origine marocaine, dont deux natifs du Royaume et huit autres descendants de parents marocains.

Cette «étrangeté» comme la qualifie un média algérien, ne serait, ni plus ni moins, qu’un «deal» signé entre le Maroc et Israël, et dont l’objectif ne vise rien d'autre que d’espionner l’Algérie. Selon ce média, «des sources concordantes avaient signalé la présence d’un grand nombre d’agents secrets du Mossad au Maroc, en soulignant qu’une de leurs missions prioritaires et essentielles était la surveillance du voisin récalcitrant algérien de l’Est» pour cause de son «soutien actif et indéfectible à la cause palestinienne».

Allant plus loin encore dans son délire, le média algérien donne une apparence de crédibilité à sa thèse.

Il commence par dire que le Mossad fait partie des «meilleurs services secrets, les mieux renseignés et les plus actifs au monde», et qu’il ne peut se laisser «noyauter» par des «espions» marocains. Donc, le noyautage étant exclu, il faut chercher autre chose. La réponse est vite trouvée: «il y a forcément un deal entre Tel-Aviv et Rabat», conjecturent les sources très bien informées de ce média, qui estiment que «cette présence anormalement élevée de ministres issus d’un seul et même pays ne peut avoir qu’une seule signification».

Laquelle?

«Israël qui a entamé le plan américain d’annexion de nouveaux territoires, de transfert de la capitale de l’Etat hébreu à El-Qods occupé et le rapprochement timide, mais certain, avec des pays arabes, notamment des Etats du Golfe et, évidemment, le Maroc, a dû intégrer ce qui semble être un accord secret avec la monarchie marocaine pour accélérer la mise en place du Grand-Moyen Orient tel que dessiné par les Américains».

Comprenez: le Maroc a exigé de Benyamin Netanyahou la présence de 10 ministres d’origine marocaine dans le nouveau gouvernement israélien en contrepartie de l’adhésion de Rabat au «deal du siècle». On ose à peine imaginer ce que penseront les connaisseurs de la politique israélienne de la thèse avancée par nos confrères algériens.

Nul doute que les thèses conspirationnistes les plus farfelues attribuées par Alger au Maroc s’expliquent par les revers diplomatiques de l’Algérie, par son isolement et ses différends avec la quasi-totalité des pays frontaliers. On ne souvient que dans la première interview accordée par le président désigné Abdelmajid Tebboune à un média étranger, il avait déclaré au quotidien français Le Figaro que le lobby marocain était derrière «l’endiguement de l’Algérie» en France.

Le média algérien dit exactement la même chose que Tebboune: «le Maroc compte un très grand nombre de ministres et de députés en France et en Belgique notamment», qui lui font un bon «travail de lobbying», il est à craindre que les désormais nombreux ministres israéliens d’origine marocaine en fassent de même auprès de l’administration américaine, déjà proche du Maroc.

Si l’on veut exacerber davantage la complotite algérienne, déjà très aiguë, on lui rappellera que les Marocains de confession juive restent très attachés au Royaume millénaire du Maroc. Le judaïsme est présent au Maroc depuis plus de 2000 ans. Le judaïsme est une composante essentielle de l’identité du Maroc. On ne peut effacer une présence aussi enracinée, aussi ancienne d’un claquement du doigt.

Il est également vrai que parmi les poids lourds du nouvel Exécutif israélien, il y a des ministres attachés à leur pays d’origine.

Parmi ces ministres, il y a Amir Peretz, né en 1952 à Bejaad, qui reste très proche du Maroc, dont il conserve toujours la nationalité. Ce nouveau ministre de l’Economie et de l’industrie, ancien président du parti travailliste, ancien vice-Premier ministre et plusieurs fois ministre, garde un lien très étroit avec son pays d’origine, qu’il a quitté à l’âge de 4 ans, mais qu’il visite régulièrement, car une partie de sa famille y réside toujours. Ce Maroco-Israélien, qui se dit très fier de son identité judéo-marocaine, a déjà été reçu en audience par le roi Mohammed VI, le 17 février 2006 à Fès.

L’Algérie est visiblement gênée par le rayonnement international du Maroc grâce à sa diversité judéo-arabo-africaine et au dynamisme de sa diaspora.

Au moment, où le monde entier n’a d’yeux que pour la lutte contre la pandémie de coronavirus, le Marocain Moncef Slaoui a été porté sur les fonts baptismaux de ce combat par Donald Trump. Le président américain a ainsi nommé, vendredi dernier, cette sommité médicale marocaine en tant que directeur scientifique de la mission «Warp speed» visant à produire, avant 2021, des centaines de millions de doses du prochain vaccin contre le Covid-19.

Curieusement, les médias algériens tardent à percer la nature du complot, orchestré par Moncef Slaoui. Il ne faudra pas s’étonner d’entendre parler dans les prochains jours d’un vaccin qui guérit du Covid-19, mais tue les Algériens.

Par Mohammed Ould Boah
Le 19/05/2020 à 20h45