Coup de gueule d’une réfugiée sahraouie de Tindouf contre Brahim Ghali

Camions présumés attaqués, le 10 avril 2022, par des drones dans la zone tampon, près de Bir Lahlou.

Camions présumés attaqués, le 10 avril 2022, par des drones dans la zone tampon, près de Bir Lahlou. . DR

Plusieurs sources médiatiques ont annoncé dimanche 10 avril 2022, une frappe aérienne, attribuée au Maroc, qui aurait eu lieu dans la zone tampon, près de Bir Lahlou. Dans les camps de Tindouf, c’est la colère contre le chef du Polisario, Brahim Ghali, vivement pris à partie pour avoir «déclaré une guerre dont il n’a pas les moyens». Témoignage.

Le 11/04/2022 à 16h32

C’est un véritable coup de gueule qu’une Sahraouie des camps de Lahmada, près de Tindouf, vient de lancer à la face de Brahim Ghali, le chef du Polisario.

Dans un enregistrement audio que Le360 a réussi à se procurer, cette «réfugiée» commence par implorer Dieu, en ce mois sacré du ramadan, de «leur apporter la paix et les sortir de leur long calvaire», elle et ses semblables des camps sahraouis du sud-ouest algérien.

Suite à l’annonce d’une attaque présumée de drones, qui a ciblé des véhicules près de Bir Lahlou dans la zone tampon, à l’aube du dimanche 10 avril, cette mère de famille, qui parle sur fond de voix d’enfants, s’adresse directement à Brahim Ghali, le chef du Polisario. Elle le fustige en des termes crus: «Il doit savoir qu’il ne nous a jamais rien fait de bon ou de positif.

Pire, il a déclaré une guerre alors qu’il n’en a pas les moyens. Il se prélasse sur son fauteuil de secrétaire général, passant son temps à se gaver de viande de chevreaux, en allant en catimini d’une tente à l’autre. Et alors qu’il doit être aux avant-postes, il a envoyé ses fils vivre à l’étranger, et livré les nôtres aux drones et sur le terrain d’une guerre perdue d’avance».

En langage hassani, où tout ne doit pas être dit, il s’agit là d’une pique indirecte adressée à l’armée algérienne, dont la seule démonstration de puissance consiste à fermer hermétiquement les camps de Lahmada, pour empêcher quiconque d’en fuir.

Preuve en est, s’il en fallait, que les Sahraouis des camps de Tindouf sont, malgré tout, parfaitement au courant des derniers revers que le tandem Algérie-Polisario a également subis sur le terrain diplomatique, la réfugiée sahraouie demande au chef du Polisario de «laisser le monde en paix et les pays décider souverainement ce qu’il veulent». Une allusion claire au tournant historique que vient d’opérer le gouvernement espagnol en soutenant le plan marocain d’autonomie au Sahara. Or, pour les Sahraouis des camps, quand l’ancienne puissance colonisatrice reconnaît elle-même la marocanité du Sahara, cela signifie clairement que les thèses séparatistes tombent définitivement à l’eau.

Et de clore son coup de gueule en implorant Dieu de les «débarrasser rapidement» de Brahim Ghali qui a «affamé les habitants des camps et livré les autres aux frappes de drones».

Pour rappel, le site algérien menadefense.net, celui-là même qui avait annoncé la présumée attaque de drones marocains contre des camionneurs algériens, le 2 novembre dernier, a récidivé, ce dimanche, en titrant: «Des camions algériens bombardés par l’aviation marocaine en Mauritanie». Il a été rapidement démenti par l’agence du Polisario, qui a annoncé que cette frappe a eu lieu dans la zone tampon et a surtout visé des «Sahraouis et leurs biens», sans autres précisions.

Par Mohammed Ould Boah
Le 11/04/2022 à 16h32