Corruption: un appel téléphonique fait tomber un conseiller PAM

En plus de la perte de son mandat, Abed Chkail risque des poursuites judiciaires.

En plus de la perte de son mandat, Abed Chkail risque des poursuites judiciaires. . DR

Revue de presseKiosque360. Mis sur écoute pendant la dernière campagne électorale, Abed Chkail, conseiller fraichement élu à la deuxième Chambre a été surpris en pleine tractation pour l’achat de voix. Il vient d'être déchu de son mandat et sera poursuivi par le tribunal de Témara pour corruption électorale.

Le 03/06/2016 à 20h46

Le Conseil constitutionnel vient d'invalider l'élection, le 2 octobre dernier, de Abed Chkail à la deuxième Chambre. Le conseiller PAM, comme bien d'autres candidats, avait fait l’objet d’une procédure de mise sur écoute sur ordre du Parquet, pendant la campagne électorale pour les élections de la deuxième Chambre, rapporte le quotidien Al Massae dans son édition du week-end des 4 et 5 juin. Et c'est justement un appel indiscret avec des “intermédiaires des élections” qui lui a coûté son siège, ajoute le journal.

Pour prendre sa décision, le Conseil constitutionnel s’est basé sur les résultats d'une enquête judiciaire réalisée par le juge d'instruction qui a débouché, le 24 novembre 2015, sur une ordonnance de renvoi devant le tribunal de première instance de Témara à l'encontre du conseiller. Ce dernier a été accusé d’achat ou de tentative d’achat de voix. Chkail a été élu, pour rappel, par le collège des collectivités territoriales formé des élus membres des Conseils communaux, préfectoraux et provinciaux de la région de Rabat-Salé-Kénitra.

Selon le journal, l'appel téléphonique à l’origine des poursuites contre Abed Chkail comporte des offres précises concernant l'achat de voix de Grands électeurs. Par ailleurs, le conseiller déchu n'est pas le seul à être poursuivi dans cette affaire, deux de ses complices ont également fait l'objet de poursuites judiciaires. Ces deux intermédiaires ont été entendus par la police judiciaire avant que l'affaire ne soit renvoyée devant le juge d'instruction Abdelkader Chentouf, chargé d'instruire les affaires relatives aux crimes financiers.

Pendant l’enquête, et une fois devant le juge d’instruction, le conseiller PAM a été incapable de donner une explication claire et convaincante sur la teneur des discussions téléphoniques qu’il a tenues avec ses complices. Le juge d'instruction a renvoyé l'affaire devant le tribunal de première instance, en raison notamment des montants d’argent engagés dans la «transaction».

Selon des sources citées par le journal, l'appel qui a coûté son siège au conseiller PAM a été réalisé avec un élu de Salé. La discussion entre les deux hommes a porté sur le nombre de voix nécessaires pour l’élection du conseiller et la somme d’argent que lui coûterait chaque voix. Un autre appel a été réalisé où le nom du conseiller a été cité clairement, ce qui a permis de faire le lien entre les deux parties. Des charges suffisantes pour que le nom de Abed Chkail soit inscrit sur une liste des vingt-six personnalités politiques accusées de corruption électorale, diffusée au lendemain du scrutin du 2 octobre dans les médias publics. 

Selon d'autres sources proches du dossier, citées également par le journal, l'intéressé aurait été plusieurs fois conseillé de renoncer à l’activité politique. Conseil qui, semble-t-il, il n'a pas jugé utile de suivre, surtout après une si longue carrière dans le domaine. Ce qui risque de lui attirer, estime la même source, bien d’autres ennuis judiciaires qui ne se limiteraient pas à sa seule déchéance de son mandat électoral.

L'annulation du siège de Chkail aura également pour conséquence de changer les calculs de son parti, le PAM, qui vient de perdre un autre siège à la deuxième Chambre, également pour motif de corruption électorale.

Par Amyne Asmlal
Le 03/06/2016 à 20h46