Les journalistes ont réclamé de l’argent en contrepartie de la non-publication d’un livre prétendument «explosif» sur le Maroc. Leurs avocats ont fait appel. Les mis en cause, âgés de 76 et 48 ans aujourd’hui, ont contesté avoir formulé une quelconque menace mais ont reconnu avoir commis une «erreur déontologique» en «acceptant une proposition d’arrangement financier émanant de Rabat». Ceci, alors qu’ils ont effectivement touché une partie de l’argent réclamé.
L’affaire remonte à l’été 2015 quand Eric Laurent, ancien reporter de Radio France et du Figaro Magazine et auteur de nombreux ouvrages, avait contacté le secrétariat particulier du Roi et une rencontre avait eu lieu le 11 août dans un palace parisien avec l’avocat Hicham Naciri, émissaire du Royaume. Juste après ce premier rendez-vous, le Maroc avait porté plainte à Paris pour chantage et une enquête avait été ouverte. Deux autres rencontres s’étaient ensuite tenues sous surveillance policière les 21 et 27 août.
Catherine Graciet, notamment auteure de livres sur le Maghreb et la Libye, était présente au troisième rendez-vous, lors duquel les deux journalistes avaient signé un accord financier à hauteur de 2 millions d’euros pour abandonner le livre. A l’issue, ils avaient été interpellés avec deux enveloppes contenant chacune 40.000 euros en liquide. Les trois rencontres avaient été enregistrées et remises aux enquêteurs.
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Pour le tribunal correctionnel de Paris, les deux journalistes ont eu une «démarche commune» et ils ont exercé une «pression» sur l’émissaire en parlant, entre autres, d’un livre qui serait «dévastateur» pour le Royaume. Selon le jugement, «le prix du silence, c’est-à-dire correspondant à la non-parution du livre, non seulement vient des deux journalistes, mais le montant fixé aussi».
Ces enregistrements, présentés comme «illégaux» par la défense, ont été au cœur d’une bataille procédurale mais la Cour de cassation a finalement rejeté les recours des journalistes en novembre 2017. Ces captations et leur retranscription ont fait l’objet d’un vif débat lors du procès le 17 janvier, mais, là encore, les faits sont têtus. Lors de cette audience, le parquet avait requis un an de prison avec sursis et 15.000 euros d’amende. Justice est rendue même si, au vu de la gravité des accusations, le verdict aura été des plus cléments.