«C’est peut-être le début du revirement du gouvernement sud-africain» sur le Sahara marocain, estime le politologue Abdelhak Bassou

Le politologue Abdelhak Bassou. (Y.Mannan/Le360)

Le 21/07/2025 à 19h48

VidéoLa reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur son Sahara par le parti sud-africain MK de Jacob Zuma a été dictée par le pragmatisme et le réalisme, estime le politologue Abdelhak Bassou qui dirige le rapport annuel collectif sur la géopolitique de l’Afrique, publié par le Policy Center for the New South.

Le 15 juillet, le parti sud-africain Mkondowe Sizwe (MK), dirigé par l’ancien président sud-africain Jacob Zuma, avait reconnu la souveraineté du Maroc sur son Sahara, appelant la communauté internationale à soutenir l’initiative marocaine d’autonomie comme solution réaliste pour résoudre ce différend régional.

Interrogé par Le360 sur la portée de cette reconnaissance, le politologue Abdelhak Bassou a estimé qu’il s’agit «d’une percée de la diplomatie marocaine, mais il reste prudent, car il ne s’agit pas d’une reconnaissance de la part du gouvernement sud-africain».

Les signes avant-coureurs de cette position du MK de Jacob Zuma, 3ème force politique du pays, sont apparus déjà depuis des mois, a rappelé le chercheur principal au Policy Center for the New South. «Mais ce n’est pas pour autant gagné, c’est une brèche qui vient d’être ouverte», a-t-il noté.

Cependant, Abdelhak Bassou, qui dirige et édite le rapport annuel collectif sur la géopolitique de l’Afrique du Policy Center for the New South, apporte une précision de taille: «ce ne sont pas toutes les composantes du Congrès national africain, parti au pouvoir, qui sont contre la marocanité du Sahara».

Cette donne permet à notre interlocuteur d’avancer que cette reconnaissance par le MK est «peut-être le début d’un revirement de toute la société et de l’ensemble du gouvernement sud-africain (...) Le parti MK est important par la personnalité de Jacob Zuma lui-même».

Titulaire d’un master en sciences politiques et chercheur principal non résident au Centre Afrique de l’Atlantic Council, Abdelhak Bassou a rappelé que Jacob Zuma appartient à l’ethnie zoulou, majoritaire dans le pays et que celle-ci est en «majorité solidaire de Zuma». Lors des dernières élections, a-t-il observé, «le parti MK a remporté 75% des voix dans son fief zoulou».

Le politologue a également fait remarquer le réalisme dont fait preuve Jacob Zuma qui «s’est armé d’un pragmatisme fidèle à l’Afrique du Sud, c’est-à-dire qu’il a adhéré à l’évolution que connaît ce dossier».

Abdelhak Bassou croit savoir que toutes «les politiques de l’Afrique du Sud, même au sein de la présidence du pays et de l’ANC, les Sud-Africains sont pragmatiques. Ce pays est présent là où se trouvent ses intérêts».

Abdelhak Bassou, l’auteur de l’étude intitulée «Vers une prospérité partagée UE-MENA» parue en 2017 rapporte cette anecdote pleine de sens. En 2016, il était en Afrique du Sud à l’invitation de l’Institut des études sécuritaires dont un responsable lui avait exprimé sa préférence «d’ouvrir un bureau régional au Maroc et non en Algérie».

Enfin, Abdelhak Bassou a émis l’espoir de voir les prochaines élections en Afrique porteuses «d’une surprise, celle de voir l’ANC faire preuve d’autant de pragmatisme que le MK».

Par Mohamed Chakir Alaoui et Yassine Mannan
Le 21/07/2025 à 19h48