CDT: un septième congrès sous haute tension

Khalid Alami Houir, secrétaire général de la Confédération démocratique du travail (CDT).

Revue de presseLa nouvelle composition du bureau exécutif de la Confédération démocratique du travail (CDT), caractérisée par l’absence de plusieurs figures historiques, révèle de profondes tensions internes et ouvre une phase de recomposition des rapports de force, sur fond de débats sur la démocratie interne et l’avenir de l’action syndicale. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Akhbar.

Le 15/12/2025 à 20h11

Le septième congrès national de la CDT a permis des changements profonds dans la composition de son bureau exécutif, révélant l’intensité de conflits internes qui ont caractérisé les relations entre les leaders de cette centrale syndicale, au cours de ces dernières années. Ces transformations ont entraîné l’exclusion, ou l’absence, de figures majeures de la CDT, qui étaient jusqu’alors des piliers essentiels de la prise de décision dans ce syndicat, indique Al Akhbar de ce mardi 16 décembre.

L’annonce de la nouvelle composition du bureau exécutif a surpris un grand nombre de délégués, en raison de l’absence des leaders historiques de la CDT, dont le rôle dans la structuration de la confédération était pourtant reconnu. Parmi les absents les plus remarqués, Bouchta Boukhalfa, deuxième adjoint du secrétaire général de la CDT, qui occupe également le poste de secrétaire général de l’Union locale de Meknès et siège au Conseil économique, social et environnemental (CESE) depuis 2011. Son absence a donc fait l’objet de nombreux questionnements à propos de cette éviction, surtout au regard de son poids dans les instances dirigeantes de la confédération.

Le congrès a également été marqué par l’absence de Mustapha Chnaoui, secrétaire national du Syndicat national de la santé, activité stratégique pour la CDT, écrit Al Akhbar. Confrontée à des mouvements de protestation récurrents et jouant un rôle central dans les négociations avec le gouvernement, cette organisation de la CDT, qui défend les intérêts des personnels rattachés à la santé publique, est un pilier du syndicalisme. D’autres figures importantes sont également concernées par ce remaniement: Abdellah Rahmoun, secrétaire de l’Union locale d’Agadir, connu pour sa longue expérience organisationnelle dans cette région, ou Mohamed Mers, secrétaire général du Syndicat national des collectivités territoriales et de la gestion déléguée, l’une des plus grandes activités de la CDT, au regard du nombre de ses affiliés et de sa couverture territoriale.

Selon des sources internes à la CDT, ces mises à l’écart de plusieurs dirigeants est à corréler avec les tensions dues à l’organisation de cette réunion, et à diverses dissensions, à propos de questions sur le mode de gestion du syndicat, les positions à tenir à propos du dialogue social, ou encore à cause de divergences de points de vue dans les différentes instances décisionnelles. Ce septième congrès de la CDT n’est donc pas une simple étape administrative mais a permis, selon Al Akhbar, «une véritable recomposition des rapports de forces», ce qui a «favorisé l’émergence de nouvelles figures, au détriment de leaders considérés comme des «centres de gravité» au sein de l’organisation» ou qui sont «entrés en conflit avec les orientations de la nouvelle direction».

Pour autant, affirme le quotidien, un membre du bureau exécutif relativise ces changements, et les présente comme une «étape normale de renouvellement des élites et d’injection de sang neuf, nécessaire pour répondre aux défis actuels et restaurer l’influence de la CDT sur la scène syndicale, en déclin ces dernières années».

Pourtant, précise Al Akhbar, si ces transformations ne s’accompagnent pas d’un véritable dialogue interne et de garanties démocratiques, elles risquent d’accentuer les divisions dans la centrale syndicale et de nuire à son unité parmi ses rangs, ce qui limiterait les capacités de ses leaders à défendre efficacement les revendications sociales et ouvrières de ses affiliés dans un contexte marqué par des tensions sociales croissantes et une confiance déclinante envers les mouvements syndicaux.

Par La Rédaction
Le 15/12/2025 à 20h11