Le maire PJD de Rabat fait fi de la mise en garde des autorités de tutelle et insiste pour faire passer son budget au risque de se voir refuser, à coup sûr, le visa de l'Intérieur. Dans une démarche pour le moins inouïe, le président du Conseil de la ville, Mohamed Seddiki, a insisté pour mener à terme les travaux de la session ordinaire du Conseil, tenue mardi. Et ce, malgré la mise en garde du représentant de l'autorité qui a tenu à attirer l'attention du maire sur le caractère illégal de cette démarche, écrit le quotidien Al Massae dans sa livraison du jeudi 29 octobre. Le Pacha, représentant la tutelle lors de cette session, a effectivement averti le maire, lui signifiant que la session devait être levée, la durée légale ayant expiré.
Le président du Conseil n'a rien voulu entendre. Il a maintenu la réunion, même s'il sait pertinemment que, dans ces conditions, il ne risque pas de recevoir l'aval du ministère de la tutelle, pourtant légalement indispensable, pour exécuter son budget. D'autant, souligne le quotidien, que les montants présentés pour adoption devant le conseil sont irréalistes. Le maire de la ville a, en effet, arrêté le budget de l’année prochaine à 1,1 milliard de dirhams au moment où celui de l'exercice en cours n'excède guère les 850 millions de dirhams. Ce qui revient, en fait, à outrepasser les dispositions de la circulaire adressée par le ministère de l'Intérieur aux collectivités territoriales et les incitant à rationaliser leurs dépenses, en ne programmant en priorité que les dépenses obligatoires. Face à l'entêtement du maire, le représentant de l'autorité a donc décidé de se retirer, alors que Mohamed Seddiki poussait les élus de sa majorité à rester en place jusqu'à la fin du vote de l'ensemble des points inscrits à l'ordre du jour.
Ce comportement du maire de la ville n'a pas manqué de lui attirer les critiques des conseillers de l'opposition. Ces derniers lui ont reproché notamment de vouloir faire adopter le budget à tout prix et de manière spectaculaire, et ce pendant une année électorale. Cela tout en sachant qu'il finira par être rejeté par l'autorité de tutelle puisqu'il a été gonflé par des dépenses à la fois astronomiques et superflues. Lesquelles dépenses profitent notamment aux fonctionnaires et aux associations en tout genre pour des raisons que personne n’ignore. Ce qui fait dire à un conseiller de l'opposition cité par le quotidien qu’il s’agit là d’une «mascarade».
Au moment où la crise sanitaire bat son plein et où l'heure est à la rationalisation des dépenses, poursuit-t-il, le président du Conseil de la ville n'a rien trouvé de mieux que d'augmenter de 22% le budget communal. Il est facile de lire dans le jeu du maire de la capitale, ajoute le même conseiller cité par Al Massae. Son objectif est de faire rejeter le budget par l'autorité de tutelle pour ensuite accuser, lui et son parti, les responsables de l’Intérieur de s'acharner contre eux. Le traditionnel scénario de victimisation, en fait. Un stratagème que le parti islamiste ressort d’ailleurs à la veille de chaque échéance électorale.