Benchikou: «Bouteflika n’a fait aucune visite en Afrique quand Mohammed VI chaussait les bottes du prospecteur"

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika et le roi Mohammed VI. 

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika et le roi Mohammed VI.  . dr

L’auteur du livre «Bouteflika une imposture algérienne», Mohamed Benchikou, caricature le soudain regain d’intérêt de Bouteflika pour l’investissement en Afrique, dénonçant un réveil tardif et mettant en exergue la projection de puissance du royaume sur le continent.

Le 17/06/2016 à 12h47

«Le président de la République n’a fait aucune visite d’Etat dans une capitale africaine quand le roi du Maroc n’hésitait pas à chausser les bottes du prospecteur, multipliant les tournées dans le continent, contribuant à la mise en place d’un impressionnant réseau marocain de banques, d’entreprises et de représentations économiques, le tout porté par un lobbying efficace».

Le propos, ici, est de Mohamed Benchikou, journaliste engagé et auteur du livre «Bouteflika une imposture algérienne» dans lequel il décrit le président comme «l’enfant adultérin d’un système grabataire et d’une démocratie violée».

Dans un article publié dans les colonnes du site algérien d’information «Tout sur l’Algérie», le fondateur du quotidien «Le Matin» (fermé sur instructions de Bouteflika) caricature cette tentative tardive de son pays de «réintégrer une compétition dans la précipitation à la suite de la chute des prix du pétrole». «Le terrain perdu du fait de notre absence diplomatique en Afrique est considérable. Une bonne partie a été récupérée par le Maroc voisin qui est ainsi devenu le premier investisseur en Afrique de l’Ouest, très loin devant l’Algérie», explique M. Benchikou.

«Ce qui sépare, dans ce domaine, l’Algérie du Maroc c’est, en fin de compte, ce qui sépare une économie rentière d’une économie managériale basée sur la liberté d’entreprendre. La seule philosophie économique algérienne se réduit à vendre du pétrole ; les outils de conquête de marchés sont inopérants du fait de l’immobilisme, du contrôle politicien, de la centralisation des décisions économiques et des calculs politiciens», pointe M. Benchikou, en évoquant «l’initiative» d’un certain Abdessalam Bouchouareb, ministre de l’Industrie (d’un pays qui n’a pas d’industrie !), d’organiser un «Forum économique algéro-africain», du 19 au 21 novembre prochain.

«Avec deux siècles de retard sur les premiers missionnaires qui conquirent l’Afrique avec quelques feux d’artifices, deux ou trois miroirs et quelques étoffes, le ministre de l’Industrie, Abdeslam Bouchouareb, compte partir à la conquête des pays africains avec de la verroterie et des beaux discours», ironise M. Benchikou, qui est évidemment conscient de «l’enjeu» de ce réveil soudain des décideurs de son pays habitués au jeu de pister et copier sur leur voisin marocain, sans toutefois avoir l’honnêteté de le reconnaître.

Par Ziad Alami
Le 17/06/2016 à 12h47