Depuis quand un secrétaire général annule-t-il la décision d’un chef d’Etat consignée dans un document officiel? Qui engage le Kenya: le chef de l’Etat ou bien le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères? Ces questions de bon sens, le régime algérien les a ignorées, prompt qu’il est à abreuver sa meute médiatique de chimériques offensives diplomatiques.
Le secrétaire général du ministère kényan des Affaires étrangères, Macharia Kamau, a produit une note interne, qui a été diffusée vendredi 16 septembre 2022 par les médias affiliés à la junte algérienne. Le porte-voix officiel du régime algérien, APS, dont l’acronyme correspond davantage à Agence de Propagande et des Sornettes, a vite fait de relayer cette note en la transformant au passage en «communiqué du ministère des Affaires étrangères kényan».
Dans cette note signée par un secrétaire général en fin de mandat, Macharia Kamau récite aux diplomates de son pays la littérature de l’ancien régime sur l’entité fantoche. Et de préciser «que le Kenya ne mène pas sa politique étrangère sur Twitter ou toute autre plate-forme de médias sociaux, mais plutôt par le biais du gouvernement officiel, documents et cadres réglementaires».
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Qui a donné instruction au secrétaire général de diffuser sa note du dimanche? Quelle est la légitimité de ce secrétaire général? Qui l’a activé? Est-ce qu’il est nommé par le nouveau président? Où est le parallélisme des formes?
Selon des sources proches du dossier, Macharia Kamau a commis sa note sans en référer au président élu William Ruto, ni à ses proches conseillers. Nommé au poste de secrétaire général du ministère kényan des Affaires étrangères par le président sortant Uhuru Kenyatta, Kamau sait que ses jours sont comptés dans ce ministère et a déjà fait ses cartons. Cet homme n’a aucune légitimité pour annuler une décision du chef de l’Etat. Il ment d’ailleurs en laissant supposer que la décision historique de retirer la reconnaissance de la RASD par le Kenya a pour cadre le réseau social Twitter.
Un document officiel a été signé le 14 septembre 2022, à Nairobi, devant le président William Ruto par le chef de cabinet de la présidence kényane et Nasser Bourita.
La seule personne légitime pour annuler la décision de révocation de la reconnaissance de la pseudo-RASD est celle-là même qui l’a prise: le chef de l’Etat kényan William Ruto.
Dès la proclamation de cette décision historique, les responsables de l’ancien régime, tous partants, ont manœuvré pour la parasiter. Ils ont commencé par faire endosser à Raila Odinga, principal rival de William Ruto lors de la dernière élection présidentielle kényane, une offensive contre la décision du nouveau président. Odinga a démenti les informations selon lesquelles il aurait attaqué la décision du président kényan de révoquer la reconnaissance de la pseudo-RASD. Il a même qualifié de «bénéfiques» les relations entre son pays et le Maroc.
Voyant que la carte d’Odinga n’a pas eu l’effet escompté, la garde de l’ancien régime a produit la note du secrétaire général aux Affaires étrangères. Interrogée sur cette note, une source marocaine proche du dossier affirme pour Le360 qu’au «Kenya, il y a un président qui décide et le parallélisme des formes nécessiterait qu’une décision de cette importance soit révoquée par le chef de l’Etat». Cette source ajoute: «C’est l’équipe ancienne qui est en train de manœuvrer contre une décision du chef de l’Etat. Leurs manœuvres n’ont pas d’impact sur la décision du président William Ruto qui n’a pas changé.»
Cette même source nous apprend que les manœuvres de l’équipe, héritée de Kenyatta, ont commencé avant l’investiture du nouveau président. C’est ainsi que le chef du Polisario a été convié à la cérémonie d'investiture du nouveau président kényan par le secrétaire administratif en chef des Affaires étrangères, Ababu Namwamba, qui fait partie de l’héritage encombrant laissé par Kenyatta.
Selon notre source proche du dossier, tout a été mis en place pour torpiller la rencontre, le 14 septembre, de la délégation conduite par Nasser Bourita avec le président William Ruto. A ce sujet, le directeur du protocole a essayé d’empêcher Nasser Bourita de rencontrer William Ruto, lui demandant de patienter dans une salle d’attente, et faisant passer devant lui ostentatoirement la délégation algérienne. Le nouveau président kényan a dû taper du poing sur la table pour qu’on fasse entrer le chef de la diplomatie marocaine. Et quand, enfin, le chef du protocole a accédé à la sommation de William Ruto, il a dit à l’adresse de Nasser Bourita: «vous avez cinq minutes, le Président n’a pas de temps à perdre. Il doit s’entretenir avec des délégations plus importantes que la vôtre!».
La rencontre entre la délégation, conduite par Nasser Bourita, et le président William Ruto a duré 90 minutes. Mieux: le président kényan n’a pas reçu les Marocains dans l’espace où il accueillait les autres délégations, mais dans son bureau.
Les structures, héritées de Kenyatta, sont infectées par des personnes, acquises aux adversaires du Maroc. Tout a été fait pour que le nouveau président ne gagne pas les élections au Kenya et les adversaires du Royaume comptaient sur la continuité du mandat de Kenyatta. Ces structures profitent du vide laissé par la transition et par l’absence du nouveau gouvernement pour prendre des initiatives qui feront long feu.
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Pour être clair et légaliste: la décision de retirer la reconnaissance de la RASD a été prise par le président élu du Kenya. Elle a été annoncée par le chef de l’Etat. Le seul à pouvoir revenir sur cette décision est William Ruto. Tout le reste, ce sont des manœuvres de personnes qui n’ont pas de légitimité pour agir à la place du chef de l’Etat.
Quant au régime algérien, il n’a visiblement plus rien à se mettre sous la dent, au point de se cramponner à une note du dimanche d’un secrétaire général en fin de mandat pour proclamer un revers cinglant de la diplomatie marocaine. Ce régime s’accroche à n’importe quelle brindille pour contrer les percées du Royaume dans le continent. Il joue dans des niveaux bas, aux rez-de-chaussée des centres de décisions, avec des acteurs illégitimes.
Aujourd’hui, le nec plus ultra pour la junte algérienne, ce sont les notes de secrétaires généraux. Quelle performance!
Un secrétaire général sur le départ n’a visiblement rien à perdre en faisant un dernier cadeau au régime algérien. La durée de ce cadeau expire avec la nomination d’un gouvernement au Kenya.