Augmentation des salaires: partis politiques et syndicats refusent tout «chantage» du gouvernement

Défilé à l'occasion de la fête du Travail et de la signature d'un accord social entre le gouvernement et les syndicats, le 1er mai 2024, à Agadir.

Revue de presseLe satisfecit exprimé par les partis politiques et les syndicats après la signature lundi dernier, 29 avril 2024, de l’accord social conclu avec le gouvernement, ne les a pas empêchés de refuser tout «chantage», qui conditionnerait l’augmentation des salaires et l’adoption de lois qui porteraient atteinte aux droits des travailleurs, comme celle de la réforme des systèmes de retraites. Une revue de presse d’Al Ahdath Al Maghribia.

Le 01/05/2024 à 19h05

Bien qu’ils aient jugé que les résultats de l’accord social, signé lundi 29 avril dernier, étaient globalement «positifs», les partis et les centrales syndicales persistent à refuser ce qu’il qualifient de «chantage» de la part du gouvernement, dans le but de les voir céder sur des points à propos de l’adoption de lois à venir, portant sur la hausse annoncée des salaires.

Le Parti du progrès et du socialisme (PPS, opposition), qui s’est félicité du contenu de cet accord social, a tout de même mis en garde le gouvernement contre «l’utilisation de la logique de la contrepartie pour tenter de faire passer n’importe quelle formulation de la loi sur le droit de grève ou de la réforme des systèmes de retraite, qui porterait atteinte aux droits syndicaux des salariés, à leur pouvoir d’achat ou à leur situation financière après leur départ à la retraite».

Dans un communiqué relayé par Al Ahdath Al Maghribia de ce jeudi 2 mai 2024, le PPS appelle le gouvernement à «prendre des mesures sociales tangibles» comme «la revalorisation des pensions de retraite, l’ajustement des revenus des salariés avec l’inflation et le contrôle des prix».

Le parti de l’opposition appelle aussi le gouvernement à présenter à ce propos un projet de loi qui se fonde «sur les dispositions de la Constitution et soit conforme à une véritable approche participative garantissant la liberté syndicale aux salariés», précisant, par ailleurs, que «la réforme des systèmes de retraite doit être globale et efficace, et ne doit pas s’effectuer aux dépens des acquis [des travailleurs] ainsi qu’aux dépens de leurs droits sociaux et de leur situation financière».

Dans ce communiqué, le PPS indique par ailleurs qu’il faut élaborer un plan efficace pour la relance économique, à même de contribuer à une amélioration effective du climat des affaires, ainsi que de lutter contre les conflits d’intérêts et la concurrence déloyale.

Dans une première réaction de son parti suite à l’adoption de l’accord social, Driss Lachgar, premier secrétaire de l’Union socialiste des forces populaires (USFP, opposition) a déclaré que le gouvernement confondait «dialogue et chantage» en «conditionnant l’augmentation des salaires à la réforme des systèmes de retraite».

Selon Al Ahdath Al Maghribia, Driss Lachgar a souligné que le gouvernement ne devait pas se limiter à cette seule contrainte en essayant «d’adopter une loi, sur mesure, sur la grève, en reportant à une date ultérieure l’examen d’un texte qui encadre l’action syndicale, afin de ne pas exaspérer les centrales syndicales».

Le premier secrétaire de l’USFP, qui est intervenu mardi dernier, 30 avril 2024, à l’ouverture des travaux du huitième congrès provincial du parti, à Rabat, a indiqué qu’après cette «incursion politique», le gouvernement pratiquait aujourd’hui une «incursion syndicale».

Driss Lachgar a aussi tenu à dénoncer des tentatives du gouvernement de minimiser l’importance de certains syndicats, en tentant d’exclure certains d’entre eux, alors que leur action est reconnue dans plusieurs branches d’activités.

Dans le même temps, a dénoncé le premier secrétaire de l’USFP, le gouvernement parraine des dizaines de partis qui ne siègent pourtant pas dans les institutions représentatives.

Par Hassan Benadad
Le 01/05/2024 à 19h05