Algérie: le pouvoir s’en prend à nouveau au Maroc

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Revue de presseChaque fois que la situation se dégrade en Algérie, c’est le Maroc que l’on accuse. Aujourd’hui encore, et après que tout le monde a commenté le scénario d’un report des élections, le pouvoir en place s’en prend au Royaume. Une revue de presse du quotidien Al Ahdath Al Maghrebia.

Le 01/03/2024 à 21h07

Que se passe-t-il en Algérie? Le scénario du report des élections présidentielles est évoqué, et c’est le Royaume que l’on accuse «de tentative d’avortement du processus démocratique en cours dans le pays». Juste après, relève le quotidien Al Ahdath Al Maghrebia dans sa livraison du week-end des 2 et 3 mars, des manœuvres militaires sont organisées dans la zone frontalière avec le Mali. Un exercice militaire à munitions réelles supervisé par le Chef d’État-Major en personne et dans lequel un haut gradé a trouvé la mort. Assassinat présenté comme une mort accidentelle.

La situation est anormale, la tension est à son plus haut niveau et la confusion bat son plein. Ce qui n’augure de rien de bon pour le pays au million et demi de martyrs, note Al Ahdath Al Maghrebia. Le conflit au sommet de l’État entre différents clans n’échappe plus à personne et le soutien du président sortant pour un deuxième mandat ne fait pas l’unanimité.

C’est dans cette situation confuse que le scénario du report des élections a été évoqué, d’abord par un responsable partisan, puis relayé par un journaliste opposant en exil en France. Ensuite, c’est RFI, Radio France internationale, qui en a fait écho. Suite à quoi, le pouvoir en place n’a pas trouvé mieux que d’accuser, par le biais de son agence de presse officielle, le Maroc d’être derrière ces «rumeurs».

L’APS n’a pas riposté directement à RFI qui a traité publiquement le sujet, ni aux opposants qui en ont parlé sur les réseaux sociaux, pas plus qu’au chef du parti qui l’a évoqué la première fois. Elle a préféré attaquer le Maroc, puisant dans un vocabulaire venimeux et diffamatoire qui n’a rien à voir avec les règles déontologiques de la profession.

Cette manière de parler indirectement du sujet en l’absence d’un débat national sur les élections, à moins de dix mois de leur date, n’est pas pour plaire aux nombreux activistes algériens, principalement ceux installés à l’étranger, qui considèrent cette sortie de l’APS comme une atteinte à l’Algérie en premier et à son image au niveau international, ainsi qu’à l’agence qui parle au nom de l’État en utilisant des termes aussi bas et dégradants.

Le fait est que, loin des rivalités et autres guerres de clans au sommet de l’État, poursuit Al Ahdath Al Maghrebia, la situation au Sud du pays est très grave. En raison notamment de la dégradation des relations avec les pays voisins du Sahel, principalement le Mali. Et comme s’il n’avait pas assez de conflits avec ses voisins immédiats, le pouvoir algérien est allé en chercher un peu plus loin. La récente visite du Chef d’État-Major au Rwanda a eu pour effet immédiat une crise dans les relations du pays avec la RDC.

Ce qui fait dire au quotidien que la manière dont le général Chengriha dirige les affaires du pays, surtout les dossiers sensibles, commence à faire grincer des dents, y compris au sein de l’établissement militaire. L’institution militaire, traditionnellement divisée entre le clan pro-russe représenté par Chengriha et le clan proche de Paris dirigé par Taoufik, n’apprécie plus que le chef d’Etat-Major monopolise la prise de décision à la tête de l’État.

Par Amyne Asmlal
Le 01/03/2024 à 21h07