Dans la gestion par le régime algérien de son conflit avec l’Espagne, dans le sillage du soutien franc et irrévocable de Madrid à l’option d’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine, les cafouillages et autres laborieux rétropédalages d'Alger se suivent et se ressemblent. Alors que le feu de la gestion chaotique de la première annonce du pouvoir algérien de suspendre ses transactions commerciales avec l’Espagne ne s’est pas encore éteint, voilà que déjà ce régime nous gratifie d’une nouvelle annonce, portant cette fois-ci sur le tourisme.
Le 19 juin dernier, la direction régionale de Bouira du ministère algérien du Tourisme et de l’artisanat a publié une circulaire interdisant formellement et «avec effet immédiat» aux voyagistes d'entretenir toute relation avec l’Espagne. Le document inscrit formellement cette interdiction dans la cadre de la suspension décrétée unilatéralement par Alger du traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération qui la liait à Madrid. Signé des mains du directeur du Tourisme et de l’artisanat, le document a été authentifié. Mais voilà que des «sources» algériennes font un nouveau pop-up dans la presse espagnole pour évoquer un nouveau «malentendu».
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«Les autorités algériennes ont désavoué ce lundi l'ordre, édicté par la région de Bouira, de cesser toute opération des agences de voyages locales avec les voyagistes espagnols», énonce ainsi le média El Confidencial, dans un article signé lundi 20 juin par un certain Ignacio Cembrero, décidément devenu le porte-voix du pouvoir algérien depuis sa rédaction à Madrid.
Même la presse algérienne, pourtant totalement inféodée à un régime qui ne tolère aucune remise en question, s’y perd. Le site TSA se demande ainsi comment est-il possible qu’une direction locale adresse «une directive lourde de conséquences pour les relations entre deux Etats, en pleine crise de surcroît», avant de l’annuler.
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Nous nous trouvons donc devant un scénario ridiculement à l’identique du premier rétropédalage effectué par la junte sur sa décision première de suspendre tout commerce avec l’Espagne. Dans une note diffusée le 8 juin dernier à grande échelle dans les médias algériens, l’Association des banques et établissements financiers algériens avait en effet annoncé le gel des domiciliations bancaires des opérations de commerce extérieur depuis et vers l’Espagne. Comprenez par là qu’il n’y aurait plus, selon les desiderata d'Alger, ni exportations ni importations de produits avec l’Espagne.
Il aura pourtant suffi d’une sévère mise en garde de l’Union européenne, formulée le 10 juin 2022, contre les conséquences des restrictions commerciales imposées par l’Algérie à l'Espagne pour que la junte fasse piteusement marche arrière, et évoque, via sa représentation à Bruxelles, une mesure qui «n’existe en fait que dans l’esprit de ceux qui la revendiquent et de ceux qui se sont empressés de la stigmatiser».
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Les réactions épidermiques du pouvoir algérien dans la gestion de ce dossier interrogent, sérieusement, sur les mécanismes qui président à des décisions, désavouées quelques heures plus tard par ceux-là mêmes qui les ont prises. Des cafouillages et des rétropédalages au plus haut sommet de l’Etat, qui font craindre le pire, non seulement pour l’Algérie dont le gouvernail semble littéralement tenu par des fous, mais également pour tous les pays du voisinage.
Car ce qui apparaît comme un mode de gouvernance chaotique, certes cocasse, avec un pas en avant, suivi de trois en arrière, n’augure de rien de bon. Des questions légitimes se posent dès lors sur la santé mentale des gérontes qui dirigent le pays. A ce rythme-là, il faut s’inquiéter et s’attendre à tout de la part de ce régime qui prend un beau jour une décision, pour l’annuler dès le lendemain tout aussi sec, en faisant, de plus, acte de repentance.