Le bon sens voudrait que lorsqu'une tactique ne fonctionne pas, il est aussi urgent qu’impératif de la changer, les mêmes causes entraînant les mêmes effets. Que dire alors d’un régime qui se tue à perpétuer, quoi qu’il en coûte, les mêmes moyens, espérant par on ne sait quelle magie que les résultats puissent être différents? Cette mécanique usée, Alger l'a une nouvelle fois actionnée à Amman, pas plus tard qu'hier, jeudi 21 avril 2022, au cours de la tenue en urgence des travaux de la 4e réunion du Comité ministériel arabe chargé de l’action internationale face aux politiques et mesures israéliennes illégales à Al-Qods.
Une réunion à laquelle le Maroc était représenté par son ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, et au cours de laquelle l’Algérie, via son représentant, a tenté un énième coup, aussi couard que raté, contre le Royaume. De quoi rappeler la très récente, mais désormais légendaire, obstruction algérienne à la déclaration du groupe d'ambassadeurs arabes auprès des Nations unies à New York, concernant l'actuelle escalade des tensions dans l’enceinte de la mosquée Al-Aqsa.
En Jordanie, constatant que la déclaration finale de ce comité, par ailleurs adoptée à l’unanimité, comprenait un paragraphe soulignant le rôle du roi Mohammed VI, en sa qualité de président du Comité Al-Qods et de l'Agence Bayt Mal Al-Qods Acharif, dans le soutien à cette ville sainte et la résistance de ses habitants, ce représentant algérien a soudainement exigé que la déclaration inclue un autre paragraphe... Il aurait fallu louer, à l'entendre, le rôle présumé du président algérien, Abdelmadjid Tebboune, dans cette cause.
Tout est donc est de définir ce rôle et de savoir à quel niveau a-t-il pu se matérialiser. Car mise à part l’annonce, en décembre 2021, d’un don d’un de 100 millions de dollars à l’autorité palestinienne (dont on ignore s’il a été suivi d’effet), l’Algérie s’est surtout illustrée à cet égard par sa volonté d'imposer un parallèle entre la cause perdue du Polisario et celle des Palestiniens.
A cette requête saugrenue, vide de toute substance, le représentant algérien a eu droit à une magistrale leçon d’indifférence, aucun des représentants des autres pays participants n’ayant jugé utile d’y donner une quelconque suite. Nous parlons de pays comme l’Arabie saoudite, la Jordanie, la Palestine, le Qatar, l’Egypte, la Tunisie et les Emirats arabes unis (en tant que membre actuel du Conseil de sécurité de l’ONU): tous sont restés de marbre devant une telle outrecuidance.
Au final, la déclaration a été adoptée à l'unanimité, telle qu'elle avait été proposée par la présidence du comité et du secrétariat général de la Ligue des Etats arabes, avec l'intégralité du paragraphe ayant trait au rôle du roi Mohammed VI. Le document a, par ailleurs, souligné la nécessité pour Israël de mettre fin à ses pratiques d'escalade et d'agressions dans tous les territoires palestiniens occupés.
L’isolement d’AlgerL’indifférence affichée envers la manœuvre algérienne confirme une fois encore l'isolement de l'Algérie, tant sur la scène régionale arabe que continentale et internationale. Un désaveu tel que la présidence algérienne n’a pas trouvé mieux que de sortir une dernière (petite) carte: un appel téléphonique que le président algérien aurait reçu du chef de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.
«Le Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a reçu, ce jour, un appel téléphonique de son frère le Président de l'Autorité palestinienne, M. Mahmoud Abbas, qui a remercié le peuple, le Président et le gouvernement algériens pour leur position constante et honorable à l'égard de la cause palestinienne», indique, en ce même jeudi 21 avril, un communiqué de la présidence algérienne, allègrement relayé par l’agence officielle APS, comme s'il fallait chercher un soin palliatif à l’affront d’Amman, où se jouait la vraie position des pays arabes.
Cette vraie position a été prise, on l’aura compris, à l’exclusion des tentatives de récupération menée par une Algérie pourtant censée abriter le prochain Sommet arabe en novembre. Alger, pourtant, ne cesse de jouer sur la corde de la division, en pesant de tout son poids pour glisser les termes de son agenda hostile à l’intégrité territoriale du Royaume du Maroc.
Le ridicule ne tuant pas, Alger –et c’est loin d’être une nouvelle trouvaille– ne cesse de vouloir arrimer la cause palestinienne aux thèses qu’elle défend pour le Polisario. Et comme le manque d’imagination de la gent militaire qui orchestre la bande armée du sud-ouest algérien ne date pas d’aujourd’hui, les généraux ne se sont guère gênés pour dupliquer jusqu’au drapeau palestinien, se limitant à lui ajouter un croissant et une étoile (bien algériens, ceux-là) pour fabriquer le fanion de la chimérique Rasd.
Il suffit d’ailleurs de connaître les noms de ceux à l'origine cette «œuvre» (les tristement célèbres Houari Boumédiène et Mouammar Kadhafi) pour en peser toute la médiocrité, dans une tentative, qui là encore a échoué, d’imposer la «cause sahraouie» (admirez le naming, similaire) avec la même acuité visuelle et sonore qu’une question aussi juste et bénéficiant d’un très large consensus dans l’opinion publique arabe. Avec quels résultats, dans un cas comme dans l’autre? Oualou. Cette Algérie qui se gargarise de grands mots tels que la justice pour le peuple palestinien ne dispose même pas d’une ambassade auprès de l’Autorité palestinienne. Le Maroc, lui, est est le seul pays arabe, avec l’Egypte, à compter une ambassade à Ramallah. Ce qui le dote d’une proximité avec les dirigeants palestiniens à laquelle les chibanis du régime d’Alger ne peuvent prétendre. D’ailleurs, l’autorité palestinienne n’a jamais critiqué le Maroc par rapport à la reprise ses relations diplomatiques avec l’Etat d’Israël.
Beaucoup d’agitation, zéro nuisanceIl est donc difficile d’accorder ne serait-ce qu’un semblant de crédit à la sincérité des gesticulations algériennes s’agissant de la Palestine. Le seul point commun dans l’attitude algérienne, tant sur le dossier de la cause palestinienne que dans celui des séparatistes, est à chercher dans cette volonté de nuire au Maroc, érigée en religion d’Etat pour le voisin de l’Est. Avec ce résultat qu’on connaît: un piteux zéro pointé.
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Tout comme pour sa récente attitude à Amman, la farouche mais stérile résistance qu'a opposé l'Algérie, le samedi 16 avril au siège des Nations unies à New York, à l'adoption d'une déclaration publiée par le Groupe arabe sur Al-Qods –parce que mentionnant, là encore, le rôle du roi Mohammed VI– a suscité moins d’enthousiasme que de sérieuses inquiétudes sur ce pays, visiblement prêt à sacrifier les plus nobles causes, pour simplement assouvir ses envies de vengeance envers le Maroc et ses institutions. Dans son édition du 20 avril dernier, le quotidien à grand tirage Al-Arab ne s’y est pas trompé quand il a émis des doutes sur les véritables intentions qui président à cette agitation algérienne. Mais pour ce titre de presse, celle-ci n’a pas eu d’effet, le groupe arabe à l’ONU ayant une fois de plus détourné le regard. C’est à se demander si, à la lumière de ces échecs et de la politique de haine envers le Maroc qui l’anime, Alger a vraiment toute légitimité, voire est à même de faire preuve d'une nécessaire neutralité et d'un indispensable sens du discernement, pour organiser le prochain sommet de la Ligue arabe.
Interrogé à ce propos par Le360, un diplomate marocain qui a requis l’anonymat explique «qu’avec la nervosité et les calculs très restreints, le régime algérien a empêché le groupe arabe de New York d’adopter un communiqué». Et cet interlocuteur d'enfoncer le clou: «dès lors, à quoi faut-il s’attendre au sommet de la Ligue arabe à Alger? Ça sera un sommet de la division, en raison de l’approche résolument hostile au Royaume du pays hôte».
Cette source développe ensuite son propos par cette image: «l’approche de l’Algérie à New York est maladroite, parce que le Palestinien est assis autour de la table parmi le groupe arabe, composé des 22 Etats de la Ligue arabe, et n’a pas de problèmes. Et arrive l’Algérien, qui dit: "moi j’ai un problème"... Ce n’est pas crédible».
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Les déconvenues du régime algérien auprès des pays arabes sont à l’unisson des revers enregistrés par Alger sur la scène internationale. Le dernier en date n’est autre que le tournant historique opéré par l’Espagne sur le dossier du Sahara. «Quand on voit qu’un pays comme l’Espagne, en pleine escalade algérienne contre le Maroc, et en pleine crise énergétique, change de position par rapport au Sahara en faveur du Maroc, c’est que les leviers de l’Algérie ne servent à rien», commente un diplomate européen, accrédité à Rabat.
Plus l’escalade belliqueuse contre le Maroc se poursuit, plus le régime algérien est acculé à une pantalonnade. Depuis une année, nous assistons en effet à une agitation hystérique du régime, dont les conséquences démontrent qu'elle est dépourvue de nuisance. Les dirigeants algériens pensaient -bien à tort-que les villes marocaines seront privées de lumière après l’arrêt du Gazoduc Maghreb-Europe, que le Maroc se retrouverait isolé après la décision de fermer leur espace aérien aux avions marocains, voire que la guerre avec le Polisario allait mettre le Maroc à genoux, etc.
Si on met d’un côté le nombre de communiqués, de déclarations hostiles au Royaume, y compris du président Abdelmadjid Tebboune et du chef d’état-major Saïd Chengriha, et que d’un autre, on essaie de mesurer l’impact de ces décisions, et de ces déclarations sur le Maroc, le verdict est cruel: c’est epsilon.
A cet intense bellicisme, le Maroc a opposé calme et sagesse. Il a laissé le régime algérien s’embourber dans ses gesticulations et déclarations quasi-martiales et a travaillé en silence pour faire avancer le dossier de la cause nationale. Résultat: toutes les manœuvres belliqueuses du régime algérien ont été réduites à néant par la décision de l’Espagne de soutenir le plan marocain d’autonomie comme étant la base la plus sérieuse et la plus crédible pour régler le différend créé autour du Sahara. Quand les autorités algériennes se disent «étonnées» et «surprises» par ce qu’elles appellent un «brusque revirement de position» de l’Espagne sur le Sahara, cela sonne comme l'aveu d’impuissance d’une diplomatie totalement dépassée par les changements géopolitiques dans la région. Tout porte à croire que le même scénario risque de se répéter sur le dossier palestinien, le Maroc jouant les grands rôles et l’Algérie se contentant d’agir en perturbateur.