L’analyse du résultat des élections sud-africaines du 29 mai appelle les trois commentaires suivants:
- Le Congrès national africain (African National Congress-ANC) a poursuivi un lent déclin amorcé en 2019, quand le mouvement est alors, et pour la première fois, passé sous la barre des 60% au niveau national (57,5%).
- Avec 40,25% des suffrages en 2024, l’ANC perd effectivement la majorité absolue, mais reste cependant, et de loin, le premier parti sud-africain. À la seconde place derrière lui, l’Alliance démocratique (Democratic Alliance- DA) n’obtient en effet que la moitié de son score, soit 21,73% des voix.
Sur les 9 provinces sud-africaines, l’ANC en remporte 7, n’étant battu que dans le Gauteng et dans le Kwazulu-Natal. Or, dans le Gauteng, l’ensemble des voix ANC (36%), des EFF (Economic Freedom Fighters) de Julius Malema (12%) et du MK (Umkhonto We Sizwe) de Jacob Zuma (10%) donne à ces trois partis, qui ont le même programme et ne sont divisés que par des problèmes personnels ou des fondamentaux ethniques, une nette majorité de gouvernement de 58%. Quant au Kwazulu-Natal, c’est à un vote clairement identitaire zulu que nous avons assisté, avec 46% des voix pour le MK et 16% pour le vieux parti zulu royaliste Inkhata, qui maintient ses positions en zone rurale.
En réalité, le recul de l’ANC n’a dépendu que des 14,68% de voix zulu qui, au plan national, ont quitté le mouvement gouvernemental considéré comme ayant trahi le Zulu Jacob Zuma, et qui se sont reportées sur son parti, le MK. En effet, si nous additionnons ces 14,68 % aux 40,25% obtenus par l’ANC au niveau national, nous retrouvons presque le score ANC de 2019, à savoir quasiment 57%...
Le vrai parti d’opposition à la nébuleuse noire ANC-EFF-MK, le DA, stagne avec un tout petit gain de moins d’un point, de 20,8% à 21,70%, donc en recul par rapport à son score de 2019 qui était de 22,2%. Une stagnation qui s’explique par deux raisons:
- Une partie de son électorat métis a voté pour le parti métis Patriotic Alliance, qui a obtenu 2,04% au plan national.
- Le DA est considéré par les Noirs comme le parti des Blancs.
L’EFF de Julius Malema a baissé d’un point, obtenant 9,46% en ayant souffert de la concurrence du MK. Quant aux Afrikaners du Freedom Front, avec 1,36% des voix, ils ne constituent plus qu’une force politique symbolique.
Désormais, l’ANC va devoir trouver des alliés pour gouverner au plan national. L’alliance avec le DA semble difficile, car l’ANC défend la discrimination positive, la saisie des fermes appartenant aux Blancs et la condamnation d’Israël pour génocide à Gaza, toutes options fermement combattues par la DA. En revanche, politiquement, l’ANC partage en gros les mêmes options que les EFF et le MK, mais le président Cyril Ramaphosa, Julius Malema et Jacob Zuma se détestent… Ce qui va rendre les tractations difficiles.