Le dernier Premier ministre de Hassan II, Abderrahmane El Youssoufi, qui a conduit le gouvernement d’Alternance consensuelle (1998-2002), vient de présenter ses mémoires à Tanger. Il a prononcé ainsi un mot dans lequel il est revenu sur nombre de ses souvenirs au sein du Mouvement et de la résistance nationaux.
Mais tout d’abord, et comme un clin d’œil à l’actualité du dernier verdict qui a concerné les activistes du hirak d’Al Hoceima et du rude tiraillement entre plusieurs partis de l’échiquier politique national, El Youssoufi a estimé, selon des propos rapportés par Al Massae de ce mercredi 4 juillet, que «l’avenir du pays se construit par le dialogue franc, sincère et responsable, et non par l’hégémonie d’une idée sur les autres». Ce qui ne peut se faire, selon lui, qu’à travers le renforcement de l’Etat de droit et des institutions, mais aussi par la sacralisation de la justice en tant que valeur de progrès et de réconciliation des Marocains avec leur civilisation plurielle.
Devant un parterre de plusieurs centaines de personnes, l’ancien premier secrétaire de l’USFP a affirmé: «C’est ici, dans les ruelles et quartiers de cette ville de Tanger que s’est construit à jamais mon destin. C’est ici que j’ai appris à défendre la justice et les droits dans leur conception existentielle et humanitaire, car Tanger était par excellence un creuset de la coexistence parfaite entre les hommes issus de différentes cultures, religions et continents».
Youssoufi dit avoir appris à Tanger le respect de l’autre, de ses valeurs et de ses spécificités culturelles, mais confie aussi avoir fait ses premiers pas dans ce qu’il qualifie de «riche expérience politique et humaine», dès les années 30 du siècle dernier. On apprend aussi qu’à cette époque, ce sont les militants de la gauche espagnole qui lui ont appris, à force de les afficher et les scander dans les rues et places publiques de Tanger, les slogans de l’Internationale socialiste qui marqueront tout son parcours politique.
A cela s’ajoute le fait que la capitale du Détroit a servi de base arrière, aussi bien pour les résistants marocains qui luttaient contre les colons franco-espagnols que pour les résistants maghrébins, particulièrement les éléments de l’Armée de libération algérienne. Pour clore cette riche histoire de la ville de Tanger qu’il a relatée dans ses mémoires, El Youssoufi n’oublie pas de rappeler que Tanger a abrité l’unique congrès des partis maghrébins en avril 1958, congrès dont les recommandations restent d’une actualité brûlante, malgré les blocages actuels dont tout le monde connaît l’origine.