Abdallah Saaf: "Le religieux et le populisme dominent le discours politique"

Abdallah Saaf, politologue

Abdallah Saaf, politologue . DR

Le Maroc a les moyens de devenir un pays émergent politiquement et économiquement, mais il faut une réelle volonté de changement, a estimé le politologue Abdallah Saaf lors d'une conférence organisée samedi 20 juin à Rabat par le PAM autour du thème "Quelle relation entre la pensée et la politique?"

Le 21/06/2015 à 15h23

L'universitaire et ancien ministre de l'Education nationale a souligné que, contrairement aux années du gouvernement de l'alternance (1998), conduit par Abderrahmane El Youssoufi, la pensée politique s'est transformée en discours animés par le populisme et le référentiel religieux.

«La politique est aussi devenue un espace de coups tordus sans limite», a souligné l'universitaire devant une assistance nombreuse. Selon lui, les programmes des partis politiques se ressemblent tous, sauf dans la forme.

Abdallah Saaf a noté que la pratique politique actuelle au Maroc a fait émerger de nouvelles terminologies tels les politiques publiques, l'Etat profond (ce terme signifiait par le passé la continuité et les liens de l'Etat), les stratégies et les programmes d'urgences.

Le conférencier a ponctué son intervention d'une série d'exemples, rappelant que le Maroc avait connu, dans les années 1990, «presque le même scénario» que la Grèce. «A un moment, j'avais adopté une attitude similaire à celle des autorités grecques, c'est-à-dire ne pas céder aux contraintes du FMI et de la BM. J'ai dit un jour, lors d'une rencontre avec le défunt Mustapha Sahel, ancien ministre de l'Intérieur, qu'à mon avis il ne faut pas rembourser étant donné nos contraintes. La réponse de Sahel a été spontanée: "Tu es fou Abdellah, tu veux qu'aucun avion n'atterrisse plus au Maroc ou ne décolle plus ?". Il s'agit, donc, de la force de la puissance économique et financière mondiale qui dicte sa loi, selon le conférencier.

Au sujet de l'avenir du Maroc, le politologue estime que le royaume est appelé, comme les lions, à «marquer son territoire» à travers trois recettes: la croissance durable, la justice sociale et la préservation de son environnement.

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 21/06/2015 à 15h23