Sous ce règne, trois importantes étapes, celles de 2007, de 2020 et de 2023 ont jalonné la stratégie du Souverain en matière maritime, sachant que le Maroc compte géographiquement deux façades maritimes, l’une sur l’océan Atlantique et l’autre sur la mer Méditerranée, sur une longueur totale de 3.500 kilomètres. «Le règne de Sa Majesté est marqué du sceau de la mer, un règne qui met en exergue la géo maritimité de notre pays en exhortant les Marocains à repenser leurs relations avec cet espace vital qui est la mer», a déclaré Miloud Loukili, spécialiste du droit de la mer dans un entretien avec Le360.
«Le Souverain, a-t-il ajouté, nous a livré une grille de lecture révolutionnaire qui consiste à regarder l’océan Atlantique non pas comme une mer des ténèbres, mais comme un espace de tous les possibles et de toutes les richesses». Trois temps, selon lui, ont marqué les «maritimistes», d’abord le 30 mai 2007 lorsque le Maroc a ratifié la convention onusienne sur le droit de la mer, à l’élaboration de laquelle le Royaume avait joué un rôle fondamental.
Quant au 2ème temps, il a été enregistré en 2020, a rappelé ce spécialiste, lorsqu’à l’occasion de l’anniversaire de la Marche verte, le Souverain avait annoncé la consolidation «de l’acquis de notre domaine maritime». Il s’agissait de deux importants textes de loi qui touchent les zones maritimes soumises à la juridiction et à la souveraineté de notre pays, à savoir «la délimitation des espaces maritimes» donnant face à la mer de notre voisin espagnol.
«Ce qui était très important dans le discours royal de 2020, a souligné Miloud Loukili, c’était la main tendue à notre voisin espagnol dans la mesure où, pour Sa Majesté, la délimitation des espaces maritimes n’est pas un acte autoritaire, un dictat, mais un acte de sagesse en vue d’une discussion et d’une négociation entre les deux partenaires historiques, stratégiques, le Royaume d’Espagne et le Royaume du Maroc». Ce n’était pas de faire de la délimitation «une cause de frictions ou de litiges, mais l’objet d’un partenariat mutuellement avantageux», a souligné ce chercheur. Il s’agit, a-t-il souligné, «d’une délimitation maritime conforme au droit international et ouverte à l’autre et au dialogue».
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Cette stratégie royale est marquée également par un troisième point, et pas des moindres, celui de l’initiative royale relative au regroupement atlantique annoncée en 2023 aux pays africains donnant sur cette façade. «Le Souverain avait alors annoncé un new deal pour la façade atlantique africaine, notamment pour les pays africains du Sahel, en appelant à la solidarité et au développement agissant», a mis en exergue le chercheur universitaire.
Miloud Loukili a rappelé que «c’est la première fois qu’un chef d’État propose aux pays enclavés du Sahel de bénéficier du littoral atlantique pour s’ouvrir sur le monde». Il s’agissait, a noté en conclusion le professeur Loukili de «tordre le cou à l’idée selon laquelle les pays du Sahel sont les damnés de la mer».