Avec le début du Ramadan, l’Algérie a connu une nouvelle accentuation de la crise socio-économique avec une flambée sans précédent des prix de quasiment tous les produits de base.
Selon les principaux médias algériens de ce week-end, les prix de produits de premières nécessité (légumes, fruits, lait, huile de table, semoule, viandes) ont littéralement «explosé» ces cinq derniers jours. A commencer par la pomme de terre, qualifiée en Algérie de «légume des pauvres», car constituant la base incontournable de l’alimentation des catégories défavorisées de la population. Cette denrée, censée donc être la moins chère, se négociait ce samedi à plus de 100 dinars le kilo (environ 6,70 dirhams) dans les marchés des principales villes algériennes. Dans la grille de cette flambée des prix rapportée par les médias algériens, on remarque que la tomate (180 DA), les haricots (300 DA), les petits pois (160 DA), les choux (200 DA)… qui ont battu tous les records de cherté. Les fruits ne sont pas en reste, puisque les plus consommés, comme l’orange (220 DA), la pomme (500), la pêche (2000) ont eux aussi flambé.
La volaille se vend quant à elle entre 400 et 900 dinars, alors que le kilo de sardines s’arrache, au mieux, à 1200 DA, quasiment au même prix que la viande rouge, qui affiche un minimum de 1500 DA le kilo.
Pour avoir une idée de ce que représentent des prix énumérés ci-dessus, il suffit de dire que le président Tebboune a annoncé, le 3 mai 2020, une hausse historique du Smic en Algérie: 20 000 dinars. Un kilo de viande ou de pêche représente donc 10% de ce smic historique.
Si certaines voix tentent d’expliquer cette flambée généralisée des prix par les pluies de ces derniers jours et autres intermédiaires qui alimentent la spéculation, il n’en demeure pas moins que cette flambée des prix laisse sur la touche de très larges catégories de la société algérienne, qui ne sont plus en mesure de se nourrir. Devant cette situation, le régime algérien affiche aux yeux du monde son incurie et son impéritie.
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Ni le Premier ministre Abdelaziz Djerad, ni le ministre de l’Agriculture et du développement rural, Abdelhamid Hemdani, ni celui du Commerce, Kamel Rezig, dont les départements sont les premiers concernés par cette situation n’ont daigné jusqu’ici s’exprimer. Plus grave, ils semblent dépassés par les évènements. Pourtant, au même titre que le président Abdelmadjid Tebboune, qui avait déjà promis en janvier 2019 que le prix du kilo de «pomme de terre ne doit plus dépasser 60 DA», ils ont tous récemment promis que les produits de première nécessité seront disponibles en abondance et à des prix bas, à travers tout le pays, durant ce ramadan.
Cette atonie inexplicable du gouvernement face à la montée vertigineuse des prix est illustrée par une récente, et surréaliste, décision du ministre du Commerce qui, au lieu de trouver une solution ne serait-ce qu’à la seule crise de l’huile de table, a confectionné un projet de loi visant à imposer, tenez-vous bien, l’arabisation des enseignes des locaux commerciaux!
En réalité, le régime algérien ploie sous le poids d’une gestion endémique qui repose sur la rente des hydrocarbures, à tel point qu’il ne sait plus où donner de la tête. Car la flambée actuelle des prix des produits de première nécessité n’est qu’un petit maillon d’une très longue chaîne de crises dans lesquelles le pays a été embourbé par des dirigeants incompétents.
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En plus des interminables files d’attente, appartenant à un autre âge, pour espérer avoir la chance d’atteindre un camion, gardé par les forces de l’ordre armées de kalachnikovs, le tout, pour se procurer un malheureux demi-litre de lait… En plus de bousculades (dégradantes) pour arracher ne serait-ce qu'un bidon d’huile de table… En plus des mines désespérées devant les bureaux de poste, pour toucher une mensualité, souvent retardée pour absence de liquidités… Aujourd’hui, même la classe moyenne, qui pensait être à l’abri de ces préoccupations alimentaires, n’arrive plus à remplir le panier au marché.
Le constat est amer: le régime militaire n’arrive pas à assurer au peuple algérien de se procurer les produits de première nécessité. A moins que ce ne soit là une manière de se venger du Hirak, en affamant le peuple. Après tout, l’un des hommes d’Etat qui connaît le mieux le fonctionnement de son pays, Ahmed Ouyahia, avait cité un proverbe arabe du temps où il était premier ministre: «affame ton chien, il te suivra!». Si telle est la logique des caciques au pouvoir, il est très peu probable que le peuple algérien, fier, renoncera aux manifestations. Il préfère sans doute n’avoir rien à mettre dans la poubelle, mais y jeter les généraux, comme il le crie tous les mardis et vendredis.
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Quelle que soit la raison de cette situation indigne d’un Etat, le régime algérien ne semble en tout cas pas disposé à mettre un terme au calvaire du peuple, en trouvant des solutions à la hausse des prix de denrées alimentaires. Car si ce régime se préoccupait un tant soit peu du bien-être du peuple algérien, il aurait ouvert les frontières avec le Maroc. Les marchés des villes algériennes auraient été approvisionnées à des prix abordables en pommes de terre, tomates, courgettes, sardines, huile de table, poulet... Dans l’autre sens, et dans le cadre d’une coopération gagnant-gagnant entre voisins, le Maroc aurait importé des hydrocarbures et des dattes, surtout que cette dernière denrée moisit actuellement, en plein ramadan, dans des entrepôts. Quel gâchis!