Se procurer une brique de lait à l’épicerie du coin devrait être un geste banal et simple, pour peu qu’on ne vive pas dans un pays du tiers-monde ravagé par la famine ou… en Algérie. En effet, depuis près d’un an, jour pour jour, la population algérienne est confrontée à une pénurie de lait qui pourrit littéralement son quotidien.
Comme en témoignent les images diffusées sur la chaîne Annahar TV, de longues files d’attente se forment dans ce pays dès les premières heures de la journée et grossissent d’heure en heure. «Ce n’est pas une chaîne (une queue, Ndlr) pour le visa, ni une chaîne pour accéder au stade, mais pour acheter du lait!», ironise le journaliste.
Certaines des personnes interrogées expliquent ainsi passer toute une journée à attendre... Du lait. Et il n’est pas sûr qu’une journée d’attente soit couronnée par une précieuse petite brique de lait.
La colère et l’exaspération des Algériens sont palpables d’autant que, comme le rappelle l’animateur de l’émission, le ministre du Commerce, Kamel Rezig, avait pourtant promis que cette crise du lait ne durerait pas plus d’une semaine, voire dix jours.
Passant en boucle l’intervention menaçante du ministre qui avait promis de faire tomber des têtes (soit celles des producteurs de lait), l’animateur d'Annahar TV, goguenard, rappelle que ces menaces datent à présent d’une année.
«Celui qui veut tester la force de l’Etat, qu’il soit simple commerçant, commerçant de gros, distributeur ou agent en situation de monopole ou bien salarié, il verra la force de l’Etat», avait alors menacé Kamel Rezig, qui planifiait par ailleurs de doter les ministères du Commerce et de l’Agriculture d’un système d’information qui permettrait de suivre le circuit du gramme de poudre de lait, depuis le début jusqu’à la fin. Mais, un an plus tard, rien n’a changé.
Si l'Association algérienne de protection et d'orientation du consommateur dénonce dans les médias des problèmes de fraude qui gangrènent le système, il n’en demeure pas moins que cette récurrente pénurie de lait met à nu le dysfonctionnement endémique de la gouvernance en Algérie, ainsi que des choix politiques hasardeux qui ont conduit ce pays, qui entend pourtant être une puissance régionale, à assurer aux citoyens les denrées alimentaires les plus élémentaires.