Ukraine: Zelensky échange avec des émissaires américains sur un plan de paix révisé

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky tient une conférence de presse à Kiev le 13 mai 2025, en pleine invasion russe de l'Ukraine.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky tient une conférence de presse à Kiev le 13 mai 2025, en pleine invasion russe de l'Ukraine. AFP or licensors

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé jeudi avoir eu un entretien téléphonique avec les émissaires américains Steve Witkoff et Jared Kushner, au lendemain de la révélation par Kiev des grandes lignes d’une nouvelle mouture du plan américain destiné à mettre fin à la guerre avec la Russie.

Le 26/12/2025 à 07h30

«Nous avons discuté de certains détails importants du travail en cours. Il existe de bonnes idées qui peuvent contribuer à un résultat commun et à une paix durable», a déclaré M. Zelensky dans un message publié sur Facebook. Le chef de l’État ukrainien a qualifié l’échange de «très bonne conversation», saluant «l’approche constructive, le travail intensif et les paroles aimables» des représentants américains.

Dans un contexte symbolique marqué par les fêtes de fin d’année, le président ukrainien a également exprimé l’espoir que les discussions menées «à l’occasion de Noël» puissent produire des effets concrets. «J’espère que les ententes conclues aujourd’hui et les idées dont nous avons discuté s’avéreront utiles», a-t-il ajouté, sans fournir davantage de précisions sur le contenu exact des échanges.

Cette prise de parole intervient après la présentation, mercredi, par Kiev, d’une version révisée du plan américain visant à mettre fin au conflit qui oppose la Ukraine à la Russie depuis février 2022. Négocié depuis plusieurs semaines entre Washington et Kiev, ce document marque une évolution notable par rapport à la proposition initiale élaborée par les États-Unis.

Selon les informations communiquées par la présidence ukrainienne, le texte prévoit un gel des lignes de front à leur position actuelle. Une telle disposition entérinerait de facto la situation militaire sur le terrain, sans toutefois proposer de solution immédiate à la question centrale des territoires occupés par les forces russes. Ces zones représentent aujourd’hui plus de 19% du territoire ukrainien, incluant une grande partie du Donbass ainsi que des régions du sud du pays.

La nouvelle mouture se distingue toutefois par l’abandon de deux exigences majeures jusqu’alors portées par Moscou. D’une part, elle ne prévoit plus le retrait des forces ukrainiennes des portions du Donbass encore sous contrôle de Kiev. D’autre part, elle écarte l’exigence d’un engagement juridiquement contraignant de l’Ukraine à renoncer à toute adhésion future à l’Organisation du traité de l’Atlantique nord.

Rééquilibrage du projet initial

Ces inflexions sont perçues à Kiev comme un rééquilibrage du projet initial, jugé trop favorable aux positions russes. Elles traduisent également la volonté des autorités ukrainiennes de préserver des lignes rouges jugées essentielles à la souveraineté du pays, tout en maintenant un cadre de négociation ouvert avec leurs alliés occidentaux.

Pour autant, la perspective d’un accord rapide avec Moscou demeure incertaine. L’absence de concessions majeures sur les territoires occupés et sur la question de l’Otan rend peu probable, à ce stade, l’adhésion du Kremlin à cette nouvelle proposition. Interrogé mercredi sur ce plan, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, s’est montré réservé, indiquant que Moscou était en train de «formuler sa position», tout en refusant d’en commenter le contenu précis.

Alors que le conflit s’apprête à entrer dans une nouvelle année, ces échanges diplomatiques illustrent les efforts persistants de Washington pour explorer une voie politique, malgré l’ampleur des divergences entre les belligérants. Pour Kiev, l’enjeu consiste à maintenir le soutien occidental tout en évitant toute solution qui consacrerait une perte territoriale irréversible. Pour Moscou, toute avancée dépendra de garanties jugées suffisantes sur le plan stratégique, notamment en matière de sécurité régionale.

Dans l’immédiat, les discussions se poursuivent à un rythme discret, laissant planer l’incertitude sur la capacité de cette initiative américaine à déboucher, à court terme, sur une désescalade durable.

Par Le360 (avec AFP)
Le 26/12/2025 à 07h30