Tribune. L’art de se tirer une balle dans le nif

Dessin de Khalid Gueddar.

ChroniqueMacron suspend l’accord. Et comment réagissent Chenboune et Tengriha? Ils dénoncent illico ledit accord!

Le 24/08/2025 à 08h01

«Se tirer une balle dans le pied» est une expression qui provient du milieu militaire. À l’origine, elle désignait un fait concret, celui du soldat qui se blesse volontairement pour éviter d’aller au combat, de monter au front. Une blessure au pied peut entraîner l’ablation de quelques orteils mais elle est en général non létale. Son avantage est qu’elle peut dispenser du service actif: le soldat invalide est rendu à la vie civile.

Aujourd’hui, l’expression a pris un sens figuré, bien plus large: «se tirer une balle dans le pied», pour un bonhomme, c’est faire volontairement (et stupidement) quelque chose qui va à l’encontre de son propre intérêt.

Vous savez qui est, sans conteste, le champion du monde dans cette forme d’auto-sabotage?

Le duo comique Tebboune et Chengriha.

Les Algériens ont d’ailleurs une expression pour ça: en-nif ou khassar. Traduction libre: «Je sauve l’honneur quitte à tout perdre». Cette attitude aurait quelque mérite s’il s’agissait vraiment de sauver l’honneur. Mais le nif des Algériens est en général si mal placé qu’il n’a rien à voir avec ça. C’est de l’orgueil bête, un orgueil que rien ne justifie, voilà tout.

On vient d’en avoir une illustration spectaculaire au cours des semaines passées.

On sait qu’une grave crise a éclaté entre Paris et Alger il y a un an exactement à la suite de la décision de la France de reconnaître officiellement la marocanité de ce qu’on appelait autrefois le Sahara Occidental. C’est une gifle pour Tebboune et ses maîtres galonnés. Même s’ils prétendent– contre toute évidence– ne pas être partie prenante dans un conflit qu’ils ont créé eux-mêmes il y a un demi-siècle et qu’ils alimentent avec la rente des hydrocarbures, ils n’ont d’autre ‘cause’ que celle-là. Ils rappellent leur ambassadeur à Paris (qui s’y plaisait bien…) et les gestes de mauvaise humeur se succèdent.

C’est dans ce contexte de dégradation continuelle que le président Macron suspend officiellement, le 6 août dernier, l’accord de 2013 sur les exemptions de visa pour les passeports diplomatiques algériens. Rappelons que la nomenklatura d’Alger a largement abusé de ce système. Un général influent ou un cacique du régime peut en avoir un pour lui, pour toute sa famille (enfants compris) ainsi que pour sa maîtresse en titre. (Cette drôle de diplomate doit avoir des dons assez particuliers, comme celui de savoir prendre langue avec les négociateurs les plus raides.)

Bref, Macron suspend l’accord. Et comment réagissent Chenboune et Tengriha? Ils dénoncent illico ledit accord!

Ça, c’est du nif!

La décision de Macron permettait de rétablir l’accord par simple déclaration après la crise, dans un avenir plus ou moins lointain, quand les relations entre les deux pays reprendront. Chengribouille et Tengrihahaha le tuent définitivement. Il n’existe plus.

Est-il besoin de souligner, une fois de plus, que cet accord jouait totalement en faveur de l’Algérie?

Les deux vieux lascars n’en ont cure. En-nif ou khassar!

Franchement, je suis une grande fan du duo comique. La seule vue de leurs tronches désopilantes me ravit. Leur verbiage me fait plier de rire. Les décisions qu’ils prennent sont tellement niaises qu’on en redemande. Que Dieu leur prête longue vie, pour notre plus grande joie!

Par Sanaa Berrada
Le 24/08/2025 à 08h01