Testé positif au Covid-19, le grand rabbin de France annule son voyage en Algérie

Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, le 14 novembre 2021 à Paris.

Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, le 14 novembre 2021 à Paris. . DR

A la dernière minute, Haïm Korsia a décidé de ne plus se rendre en Algérie, dans le cadre de la délégation accompagnant le président français Emmanuel Macron. Au grand soulagement de la junte (et de ses nombreux relais) qui ont redoublé de propos violents et volontiers antisémites à l’égard du grand rabbin de France.

Le 25/08/2022 à 10h36

Les porte-voix de la junte au pouvoir et autres médias inféodés n’ont cessé depuis hier soir de se gargariser du refus de visa que lui auraient opposé les autorités du pays voisin. Il n’en sera finalement rien et le sort en a décidé autrement. Comme le souhaitaient les tenanciers du régime et leurs affidés, toutes tendances confondues, le grand rabbin de France, Haïm Korsia, ne se rendra finalement pas en Algérie. Il devait pourtant faire partie de la délégation accompagnant le président français Emmanuel Macron, qui entame ce jeudi 25 août une visite officielle de trois jours chez le voisin de l'Est. 

Haïm Korsia a été testé positif au Covid-19 suite à des examens préalables auxquels les participants à ce voyage ont été soumis, conformément au protocole établi par l’Elysée. Cité ce jeudi matin par le quotidien Le Figaro, le grand rabbin de France, de parents nés en Algérie, a confirmé l’information que RMC a été la première à donner.

Lui et son entourage démentent formellement tout lien entre l'annulation de sa visite et la polémique suscitée en Algérie par l'annonce de sa venue, encore moins un éventuel refus de visa. «J’ai donné mon passeport aux autorités algériennes qui ont mis un visa, expliquait-il. C’est que je suis voulu, désiré, je dirais même, par les autorités algériennes», a-t-il déclaré à RMC. Toujours est-il que l’Algérie, dont il était censé fouler le sol pour la première fois et y retrouver ses racines, Korsia ne la verra pas. Au Figaro, il ne cache pas qu’il est «déçu».

Le pouvoir algérien dans toutes ses composantes, ses médias et ses «influenceurs» doivent être soulagés. L’annonce de l’arrivée du grand rabbin de France avait donné lieu à une véritable levée de boucliers contre le personnage. Tous avaient dénoncé cette venue et appelé à son annulation, et ce, en diffuant pratiquement mot pour mot le même mot d’ordre et les mêmes éléments de langage, accusant en l’occurrence l’Elysée de faire l’amalgame entre politique et religion, et Korsia de «sionisme». On aura, au passage, apprécié la grande confusion faite entre religion juive, Israël et le sionisme, qui ne font qu’un pour la junte et toute l’étendue de l’antisémitisme ordinaire qui règne chez les caporaux et leurs relais.

Si l’islamiste en chef du régime, Abderrazak Makri, accessoirement patron du Mouvement de la société pour la paix (Frères musulmans), a été le premier à tirer, ils étaient nombreux, y compris à l’intérieur même des cercles du pouvoir, à marcher sur ses pas, redoublant de propos violents à l’égard de Korsia. Des quotidiens comme Le Soir d’Algérie, proche de l’armée, se seront particulièrement distingués dans cette exercice.

Cet épisode n’est pas sans rappeler un autre subi en 2007 par le célèbre chanteur Enrico Macias, également Juif et lui aussi d’origine algérienne, qui avait dû renoncer in extremis à suivre le président Nicolas Sarkozy lors d’un déplacement à Alger, en raison du tollé suscité par l’annonce de sa venue.

Par Khalil Ibrahimi
Le 25/08/2022 à 10h36