Comme on pouvait s’y attendre, la campagne électorale pour la présidentielle algérienne du 7 septembre sera l’occasion pour le monde entier de voir en Abdelmadjid Tebboune un bouffon et un homme indigne de la fonction qu’il occupe. Dès son premier meeting électoral, tenu dimanche 18 août à Constantine, devant un auditoire de figurants chargés de hausser l’applaudimètre à chaque mot prononcé par Tebboune, ce dernier a réalisé un one-man show où il a parlé sans retenue.
Si ses mensonges sur les fausses réalisations de ces cinq dernières années sont désormais banalisés, au même titre que les chiffres imaginaires et stratosphériques qu’il a à nouveau déclinés à Constantine, il n’en reste pas moins que Tebboune a choqué plus d’un à travers ses déclarations ultra-populistes sur Gaza. Il a ainsi affirmé que «si l’Égypte lui ouvre les frontières, l’armée algérienne est prête à entrer à Gaza». Voici ce qu’a dit précisément Tebboune sur Gaza avec description des réactions de la salle et de la gestuelle du président algérien:
«Nous n’abandonnerons pas la Palestine de façon générale et particulièrement Gaza! Et je le jure devant Dieu que si l’on nous aide en nous ouvrant les frontières entre l’Égypte et Gaza (acclamation de l’audience et Tebboune met son poing sur le cœur), nous savons ce que nous avons à faire!» Le poing serré et l’expression «nous savons ce que nous avons à faire», laissent supposer qu’un plan préalablement établi a été préparé au plus haut niveau de l’État algérien.
Ce qui n’a pas manqué d’exalter davantage le public qui a lancé des cris à tue-tête. Après avoir gouté pendant quelques secondes les acclamations du public, Tebboune lâche: «Nous savons ce que nous avons à faire et j’ai pris un engagement et l’armée est prête!» Quel engagement a pris Tebboune? L’armée algérienne serait donc prête à entrer dans Gaza si l’Égypte lui ouvrait ses frontières terrestres avec Israël? C’est pourtant textuellement ce qu’a dit Abdelmadjid Tebboune devant une audience en extase.
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Si l’on veut synthétiser: Abdelmadjid Tebboune, «président de la République, chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense nationale» (c’est son titre officiel) déclare que l’armée algérienne, dont il est le chef suprême, a préparé un plan pour entrer à Gaza, que cette armée est prête et qu’il lui manque seulement le feu vert des autorités égyptiennes pour mettre à exécution son plan. Abdelmadjid Tebboune qui s’est probablement rendu compte qu’il venait quasiment de déclarer la guerre à l’État d’Israël a édulcoré ensuite ses propos en ajoutant: «Aussitôt qu’on nous ouvre les frontières, et qu’on autorise nos bus d’entrer, nous construirons dans l’intervalle de 20 jours trois hôpitaux. J’envoie des centaines de médecins et j’aide à reconstruire ce qui a été démoli par les sionistes». Fin du verbatim de Tebboune.
Tout d’abord, l’Algérie, qui se veut le champion du refus de toute intervention de forces étrangères au Sahel, en Libye, viole ses propres principes en demandant la présence de ses troupes en Égypte avec l’objectif d’intervenir à Gaza, foulant aux pieds sa propre doctrine de non-intervention de l’armée algérienne hors des frontières du pays. Deuxièmement, en brandissant, même faussement, la possibilité d’intervenir militairement à Gaza, l’Algérie viole les résolutions de la Ligue arabe, alors qu’elle est tenue de respecter la position collective de cette dernière sur le conflit israélo-palestinien. En effet, l’initiative de paix adoptée à l’unanimité au Sommet de la Ligue arabe de Beyrouth en 2002 peut se résumer à travers deux grands axes: la normalisation des relations entre les pays arabes et Israël en contrepartie de la relance d’un processus de paix qui aboutira, à terme, à la création d’un État palestinien viable, vivant côte à côte avec celui d’Israël.
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Troisièmement, la frontière terrestre égyptienne, comme veut le laisser entendre Tebboune, n’est pas un obstacle à une intervention militaire de l’Algérie à Gaza. Tout au long du premier mandat de Tebboune, l’armée algérienne n’a cessé d’exposer, que ce soit à travers des défilés militaires ou des nombreux exercices dits «tactiques et à munitions réelles», des dizaines d’avions de combat russes mais aussi sa panoplie de frégates et sous-marins. Étant donné que comme Israël, l’Algérie est un pays riverain de la Méditerranée, ses avions de combat, épaulés par les avions ravitailleurs, ainsi que sa marine peuvent normalement atteindre Israël sans avoir besoin d’un quelconque pays de transit.
Mais le populiste et fanfaron Tebboune sait très bien que son armée, incapable de sécuriser ses propres frontières, n’est pas en mesure d’intervenir à Gaza quand bien même l’État égyptien l’y autorise. C’est tellement commode de jeter l’anathème sur l’Égypte en lui faisant au passage endosser le rôle de gardienne des frontières d’Israël.
En Égypte, les déclarations de Tebboune écument déjà les réseaux sociaux et menacent de provoquer une crise entre les deux pays. Les internautes égyptiens s’étonnent du niveau de caniveau du président algérien. Ils découvrent à leur corps défendant ce que les Marocains endurent de la part d’un régime irrationnel, immature et littéralement fou à lier.