Sommet sur le climat au Brésil: entre lucidité et espoir, les dirigeants du monde face à l’échec climatique quelques jours avant la COP30

Belém accueille le Sommet sur le climat, une réunion internationale qui rassemble des chefs d'État et de gouvernement, des ministres et des dirigeants d'organisations internationales. (Photo: Sergio Moraes/COP30)

Le sommet des dirigeants mondiaux sur le climat se poursuit vendredi à Belém, au Brésil, après une première journée marquée par des discours à la fois lucides et offensifs: lucides sur l’échec à freiner le réchauffement, offensifs sur la nécessité d’agir, y compris contre l’industrie pétrolière.

Le 07/11/2025 à 07h23

Des dizaines de ministres et plusieurs chefs d’État et de gouvernement, dont ceux d’Espagne, d’Allemagne et de Namibie, doivent encore défiler à la tribune.

Puis s’ouvriront lundi deux semaines de négociations intenses dans le cadre de la conférence annuelle de l’ONU sur le climat – la première COP jamais organisée en Amazonie.

Un constat d’échec sans résignation

Contraints de confronter leurs discours à la réalité – celle de onze années consécutives les plus chaudes jamais enregistrées – et face aux bilans terribles des ouragans et canicules, l’ONU comme les chefs d’État ont dû, jeudi, se rendre à l’évidence à l’ouverture de la COP30: le monde ne parviendra pas à maintenir le réchauffement sous la barre des +1,5°C, seuil fixé par l’Accord de Paris il y a dix ans. Mais personne ne semble prêt à se résigner à l’autre limite, celle des +2°C.

L’atmosphère de crise, renforcée par l’absence des dirigeants des plus gros pollueurs, à commencer par le président américain Donald Trump, a cependant servi de catalyseur à un appel à la remobilisation mondiale.

Lula appelle à une feuille de route contre les fossiles

Deux ans après l’engagement inédit pris à Dubaï de sortir progressivement des énergies fossiles, certains pays refusent que la communauté internationale détourne le regard du défi climatique.

Les délégués ont salué une phrase de l’hôte de cette COP, Luiz Inácio Lula da Silva, qui a appelé dans son discours d’ouverture à une «feuille de route pour surmonter la dépendance aux combustibles fossiles». Un message perçu comme une inflexion politique majeure venant du Brésil, l’un des grands producteurs d’hydrocarbures d’Amérique du Sud.

Des voix insulaires et européennes en première ligne

Parmi les soutiens à cette position figurent plusieurs pays européens et de nombreuses petites nations insulaires dont la survie même est menacée par la montée des océans.

Le Premier ministre d’Antigua-et-Barbuda, Gaston Browne, a dénoncé «les grands pollueurs qui continuent de détruire délibérément nos environnements marins et terrestres avec leurs gaz fossiles toxiques».

Le thème de la sortie du pétrole a été repris par de nombreux dirigeants européens qui rappellent leurs efforts de réduction d’émissions depuis plus de trois décennies et leur objectif de –90% d’ici 2040.

«Chaque pays doit élaborer sa stratégie pour éliminer progressivement les combustibles fossiles», a lancé le président français Emmanuel Macron, appelant à transformer les promesses en trajectoires concrètes.

Les contradictions brésiliennes

La «feuille de route» de Lula est interprétée comme «un signal clair des priorités du Brésil pour la COP30», selon Katrine Petersen, du centre de réflexion E3G.

«Pas forcément dans les négociations officielles, mais dans l’agenda d’actions volontaires», nuance Marta Salomon, de l’Institut Talanoa.

Mais le pays hôte n’échappe pas à ses propres contradictions: le Brésil vient de lancer des explorations pétrolières au large de l’Amazonie, au grand dam des écologistes.

Lors d’un entretien mardi avec plusieurs agences de presse, dont l’AFP, Lula reconnaissait: «Nous voulons proposer une voie pour réduire l’utilisation des combustibles fossiles. Mais ce n’est pas facile.»

Ces paroles traduisent, selon une source diplomatique brésilienne, une volonté de «pousser politiquement» le débat à la COP, sans pour autant garantir un consensus entre les 200 pays participants.

Le méthane et le «langage d’amour»

Les chances d’une décision formelle hostile aux énergies fossiles restent quasi nulles à Belém, le consensus étant obligatoire. Mais la COP30 doit donner une place centrale aux engagements volontaires, notamment sur la réduction du méthane, principal composant du gaz fossile.

«Un frein d’urgence sur les fuites de méthane doit être actionné», a plaidé Mia Mottley, Première ministre des Barbades. «Ce serait gagnant-gagnant, car cela parle le langage d’amour du secteur pétrogazier tout en parlant le langage d’amour de ceux d’entre nous qui veulent sauver la planète.»

Par Le360 (avec AFP)
Le 07/11/2025 à 07h23