Planète: au Mexique des chaleurs extrêmes et mortelles pour les migrants qui cherchent à rejoindre les États-Unis

Des migrants péruviens demandeurs d'asile aux États-Unis se réfugient à l'ombre à Ciudad Juarez, dans l'État de Chihuahua, Mexique, le 21 juin 2024. Dans le désert mexicain près de la frontière américaine, les forces de sécurité sont en alerte après qu'un homme a été retrouvé mort suite à un coup de chaleur. AFP or licensors

Les patrouilles frontalières américaines indiquent que depuis octobre 2023 elles ont enregistré la mort de 77 personnes dans le secteur d’El Paso, la ville texane en face de Ciudad Juárez. Les coups de chaleur et les chutes du mur font partie des principales causes des décès.

Le 23/06/2024 à 07h26

Le cadavre d’un homme a été retrouvé cette semaine par les forces de sécurité dans une zone désertique près de Ciudad Juárez dans le nord du Mexique, à la frontière avec les États-Unis, où les migrants espèrent passer de l’autre côté après un voyage éprouvant.

La victime est un migrant mexicain de 45 ans originaire de l’État du Durango (centre-nord), décédé d’un coup de chaleur, du fait d’une exposition prolongée à des températures extrêmes, d’après la protection civile mexicaine.

Le corps a été découvert mercredi. Une semaine auparavant, les autorités ont retrouvé le corps d’une femme morte de déshydratation, également dans une zone désertique de Ciudad Juárez (dans l’État du Chihuahua, nord), où les températures dépassent les 40 degrés ces derniers jours.

Victimes d’homicides, d’accidents, de vols, d’extorsion, d’enlèvements, des passeurs, les personnes qui cherchent l’asile aux États-Unis sont désormais menacées par cette vague de chaleur qui touche depuis près de trois mois une bonne partie du territoire du Mexique.

«Il fait trop chaud», constate Dioner José Romero, Vénézuélien de 25 ans. «Je me sens un peu déshydraté, il fait 43, 44, 45 degrés».

«Le soleil est trop fort. Ce n’est pas que je ne m’habitue pas, mais c’est quelque chose de nouveau pour moi. Je sens que je suffoque un peu», ajoute son compatriote Nelson Ramos, dans un centre d’accueil tenu par les catholiques à Ciudad Juárez.

La vague de chaleur a provoqué dans l’ensemble du pays 155 décès depuis le mois de mars, selon le bilan des autorités actualisé cette semaine.

«Chaleur et issue fatale»

Le corps du Mexicain a été découvert entre des buissons, dans le sable et sous un soleil qui a obligé les agents de la Garde nationale et de l’Institut national des migrations (INM) à se couvrir la tête avec leurs propres habits pendant que les médecins légistes étaient à l’œuvre.

Autour du corps se trouvaient des bouteilles vides que les candidats au passage aux États-Unis ont laissé derrière eux en marchant vers le Rio Bravo protégé côté américain par un mur frontalier de plusieurs mètres de haut.

Le migrant a été abandonné par le trafiquant qui prétendait le faire passer aux États-Unis, et qui est revenu l’enterrer dans le désert. Sous la pression des proches, il a révélé l’emplacement du corps, d’après les témoignages recueillis par l’AFP.

À la suite de leurs recherches, les autorités mexicaines ont trouvé six autres personnes sans papier, dont une avec des symptômes de déshydratation.

Le directeur de la protection civile à Ciudad Juárez, Mauricio Rodriguez, lance un appel aux migrants «pour éviter» qu’ils se déplacent «par fortes températures».

«L’impact de la chaleur peut conduire à une issue fatale», ajoute-t-il interrogé par l’AFP.

Près de 1,3 million de migrants en situation irrégulière ont traversé le territoire mexicain entre janvier et mai de cette année, d’après des chiffres de l’Institut national des migrations (INM).

Ils sont dans leur majorité originaire d’Amérique latine ou des Caraïbes (Venezuela, Honduras, Équateur, Haïti) même si au total 177 nationalités sont représentées.

Pendant leur traversée, qui inclut souvent la dangereuse forêt du Darién à la frontière entre la Colombie et le Panama, les migrants sont exposés à des maladies (problèmes respiratoires, de peau, d’estomac...) après avoir parcouru des dizaines de kilomètres dans des conditions insalubres, d’après un récent rapport de l’ONG Médecins sans frontières.

Par Le360 (avec AFP)
Le 23/06/2024 à 07h26