Les présidents brésilien et chinois appellent à une solution politique en Ukraine

Le président chinois Xi Jinping et le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva au palais de l'Alvorada à Brasilia, le 20 novembre 2024. AFP or licensors

Le président brésilien Lula da Silva a prôné mercredi le «dialogue» pour mettre fin à la guerre en Ukraine, durant une visite de son homologue chinois Xi Jinping à Brasilia qui a montré la proximité entre ces deux leaders du Sud global.

Le 21/11/2024 à 07h40

Tapis rouge, honneurs militaires, hymnes nationaux: Luiz Inacio Lula da Silva, accompagné de son épouse Rosangela da Silva, a reçu en grande pompe son homologue chinois Xi Jinping à Brasilia, dans sa résidence présidentielle de l’Alvorada.

Après un entretien avec ce dernier, Lula a vanté leurs «visions du monde proches». «Dans un monde ravagé par les conflits armés et les tensions géopolitiques, Chine et Brésil mettent au premier plan la paix, la diplomatie et le dialogue», a-t-il affirmé. La visite d’État de Xi Jinping a lieu dans un contexte international chargé, comme l’a montré un G20 dominé lundi et mardi à Rio de Janeiro par la crise climatique et les guerres en Ukraine et à Gaza.

Le président chinois a appelé mercredi à un cessez-le-feu à Gaza et à «rassembler plus de voix engagées pour la paix afin d’ouvrir la voie à une solution politique» en Ukraine, a rapporté l’agence officielle Chine nouvelle. À l’unisson, Lula a mis en avant la proposition de paix en Ukraine poussée ces derniers mois par Brasilia et Pékin, y voyant un «exemple de convergence de vues en matière de sécurité internationale».

Le président russe Vladimir Poutine avait jugé cette proposition «équilibrée», mais elle avait été rejetée par le chef de l’État ukrainien Volodymyr Zelensky et n’avait pas non plus été soutenue par les États-Unis et l’Union européenne. Pékin est un allié majeur de Moscou, et Lula a été très critiqué en Occident pour avoir dit par le passé que l’Ukraine avait comme la Russie une part de responsabilité dans le conflit.

Un «partenaire en or»

Les présidents brésilien et chinois ont vanté le partenariat stratégique entre leurs pays, membres fondateurs du groupe des Brics, dont le Brésil accueillera le prochain sommet en 2025. «Les relations Chine-Brésil sont au meilleur niveau de leur histoire» et Pékin veut être un «partenaire en or» pour Brasilia, a lancé Xi Jinping, selon Chine nouvelle.

Sa visite intervient alors que le retour de Donald Trump à la Maison Blanche préfigure un virage isolationniste de la plus grande puissance mondiale, et une posture encore plus dure des États-Unis envers la Chine, particulièrement en matière commerciale. «Xi Jinping cherche clairement à remplir le vide qui va surgir avec l’élection de Trump, qui ne valorise pas le multilatéralisme», estime Oliver Stuenkel, professeur de relations internationales à la Fondation brésilienne Getulio Vargas.

Le partenariat a toutefois ses limites: sans surprise, le Brésil n’a pas annoncé rejoindre le gigantesque programme chinois d’infrastructures des «Nouvelles routes de la soie». Plusieurs pays d’Amérique du Sud ont adhéré à cette initiative lancée en 2013, qui constitue un axe central de la stratégie chinoise pour accroître son influence à l’étranger.

Commerce bilatéral asymétrique

Lot de consolation pour Pékin: l’annonce mercredi par les deux dirigeants que leurs pays vont établir des «synergies» entre cette initiative chinoise et les stratégies de développement brésiliennes. Le commerce bilatéral entre les deux pays a atteint plus de 160 milliards de dollars en 2023, mais leur relation est très asymétrique. Le géant asiatique est le premier partenaire commercial du Brésil, qui est son premier fournisseur de biens agricoles. Le pays sud-américain n’est que le neuvième partenaire de la Chine.

Même si le Brésil est l’un des rares pays en excédent commercial avec la Chine, ses exportations sont avant tout des matières premières, du soja notamment. La Chine, elle, vend au Brésil des produits à forte valeur ajoutée: semi-conducteurs, téléphones, voitures et médicaments.

Les deux gouvernements ont signé mercredi plus de 35 accords bilatéraux dans le commerce, les télécommunications, l’agriculture ou encore l’industrie. L’un d’eux envisage la possible entrée sur le marché brésilien de l’entreprise chinoise de satellites SpaceSail, concurrente de Starlink, société du milliardaire américain Elon Musk, qui fournit un accès internet dans des régions brésiliennes reculées.

Par Le360 (avec AFP)
Le 21/11/2024 à 07h40