Plusieurs observateurs ont laissé entendre que cet entretien a été accompagné par un soutien «politico- rédactionnel» de conseillers diplomatiques français, tant au niveau du fond que de la forme. C’est ce qui expliquerait cette francophilie, affectée et forcée, de Tebboune. Il est devenu laudateur et même flagorneur comme pas possible au cours de cet entretien! Il y a donc lieu de s’interroger sur ces soi-disant réactions épidermiques du régime algérien et de sa «doxa» douteuse sur sa «souveraineté nationale»!
Les voix de la diaspora algérienne, très actives sur les réseaux sociaux, ont une fibre maghrébine remarquable. Elles ne cessent de dénoncer le régime algérien qui fait tout pour saboter l’idéal maghrébin. Ces voix qui sauvent la dignité et même l’honneur de l’Algérie ont été consternées par la «jactance» de Tebboune. Elles ont démonté les arguties du président que nous déclinerons en cinq points.
1. Tebboune a affirmé que «c’est une accumulation de problèmes depuis 1963 et l’agression des forces spéciales marocaines pour prendre une partie de notre territoire qui expliquent cette rupture avec le Maroc».
Le fait que Tebboune remonte à la guerre des Sables de 1963 pour justifier, encore, l’origine de cette crise est une manœuvre usée. D’abord, Tebboune se contredit. Dans des entretiens antérieurs, il a affirmé plusieurs fois que l’Algérie n’avait aucun contentieux avec le Maroc. Ce n’est donc qu’un des multiples revirements d’une girouette!
Les observateurs algériens ont tenu à déconstruire ce mythe algérien, frelaté, de la guerre des Sables de 1963. Au-delà du fait que le Maroc était dans son droit de revendiquer ses territoires intégrés par la puissance coloniale aux départements français d’Algérie…, le régime algérien à l’époque a procédé à une machination pour camoufler des luttes internes féroces pour le pouvoir.
«Hagrouna»Il a été rappelé qu’en octobre 1963, Hocine Ait Ahmed menait une insurrection en Kabylie pour s’opposer au régime des usurpateurs Ben Bella et Boumediene. Coïncidence troublante, c’est exactement le 8 octobre 1963 (au cours du même mois de cette insurrection) que l’armée algérienne a déclenché la guerre des Sables en attaquant un détachement des Forces armées royales. Apres avoir lancé la sinistre formule «Hagrouna» (les Marocains nous ont méprisés), Ben Bella a appelé à l’unité nationale contre le prétendu «ennemi marocain». Piégé, Hocine Ait Ahmed fut contraint de se ranger à l’appel.
La guerre des Sables a été provoquée par des problèmes internes algéro-algériens, métamorphosés en la plus grande manipulation de l’histoire contemporaine du Maghreb. Suivie évidemment par la fable du peuple sahraoui, également inventée par le pouvoir algérien. La formule trompeuse «Hagrouna» est fondatrice du récit mensonger du sérail militaire… pour s’auto-légitimer!
Tebboune dramatise à l’excès et outrageusement cette guerre des Sables que lui et les généraux tiennent à exploiter à l’infini. Cette guerre a duré trois semaines… et elle pousse aujourd’hui le régime algérien à fermer les yeux sur les conséquences, autrement plus néfastes, de 132 ans de colonisation française. Avec à la clef plus de 5 millions de martyrs selon la vulgate officielle algérienne. Tebboune dit aujourd’hui que les relations sont excellentes avec la France mais exécrables avec le Maroc à cause, sans aucune honte, de la guerre des Sables! Ce qui est inouï!
Ces voix algériennes affirment que toutes les crises avec le Maroc ont été générées par des causes internes au pouvoir algérien, paniqué par son illégitimité. Le Maroc est instrumentalisé dans cette stratégie de diversion. C’est encore le même schéma qui se répète aujourd’hui.
2. Tebboune a également affirmé que «c’est le régime marocain qui cause des problèmes, pas le peuple marocain. 80.000 de ses ressortissants vivent d’ailleurs chez nous en très bonne intelligence».
Un énorme mensonge! Le régime algérien est connu pour ses actions fourbes ciblant la collectivité marocaine dans son ensemble. Les 80.000 Marocains travaillant en Algérie sont constamment harcelés et font l’objet d’une surveillance paranoïaque.
Expulsions sauvagesEt que dire des 350.000 citoyens marocains (dont des milliers résidant en Algérie depuis plusieurs générations) expulsés en décembre 1975, impitoyablement et sauvagement, sur les instructions de Boumediene juste après la Marche verte? Le dictateur voulait que la déportation s’achève en 48 heures!
Et que dire des campagnes abjectes contre l’honneur et la dignité des mères, épouses et filles marocaines bafoués quotidiennement par des youtubeurs voyous algériens à la solde des services de propagande?
Et que dire de la fermeture du gazoduc Maghreb-Europe décidée par les généraux contre le Maroc afin, selon leur ridicule et vaine propagande, d’infliger aux Marocains les affres du froid et de l’hiver?
Faire la distinction entre le peuple marocain et ses institutions relève de l’absurde. Le régime algérien, marocophobe et raciste, a un problème avec les 38 millions de Marocains, leur histoire glorieuse, leurs riches particularités socioculturelles et leur géographie!
3. La formule incohérente de Tebboune «Nous avons rompu avec le Maroc pour ne pas faire la guerre» a choqué les experts et analystes en relations internationales.
Pour les observateurs, cette annonce est tout simplement un aveu présidentiel très grave, donné en exclusivité à un quotidien français. Tebboune a confirmé avec éclat que la crise avec le Maroc est issue du sérail militaire et que Chengriha, le chef d’état-major, voulait cette guerre.
Les généraux algériens avaient effectivement planifié une guerre. Mais ils ont reculé après avoir pris acte de la puissance militaire du Maroc et après un rappel à l’ordre des grandes puissances qui ne veulent absolument pas d’une guerre au Maghreb. Ce genre de déclaration de Tebboune relève aussi du sabotage de l’action de l’ONU et des entraves imposées à l’Envoyé spécial.
4. «Aucun pays ne peut se poser en médiateur entre nous», affirme de nouveau Tebboune.
Effectivement, toute médiation est inacceptable pour Alger. D’abord parce que la «crise est plus unilatérale que bilatérale». Elle est fabriquée et entretenue d’un seul côté. Pour qu’il y ait crise, il faut qu’il y ait au moins deux protagonistes. Le Maroc pacifique, serein et sûr de son droit, reste indifférent à toutes les provocations.
Tout médiateur qui demanderait à Alger d’apporter les preuves n’obtiendra jamais de réponse. Il n’y a que la partie algérienne qui hurle, menace, dénonce, ment et accuse sans fondement. Il ne reste aux généraux que l’escalade et la fuite en avant qui se traduit par ce refus viscéral de toute médiation, face à la sornette de «l’ennemi absolu»!
5 .Tebboune a aussi avancé que «l’Onu ne peut condamner uniquement les annexions qui ont eu lieu en Europe. Qu’en est-il des annexions du Golan par Israël ou du Sahara occidental par le Maroc?».
Il présente insidieusement le Sahara comme un Etat qui n’a jamais existé alors même que la notion de peuple sahraoui n’a jamais existé non plus! Tous rejettent la comparaison perfide entre l’invasion de l’Ukraine et la question du Sahara. Tebboune mélange tout. L’Ukraine est un Etat membre des Nations unies. Un Etat souverain, reconnu internationalement et qui a fait l’objet d’une invasion.
Enfin, plusieurs milieux au sein de la diaspora algérienne n’en peuvent plus de ces divagations. Ils sont unanimes à dire «Taisez-vous Tebboune» et pensent même à en faire un hashtag! Le bavardage insipide, les stratégies du mensonge et la désinformation n’ont jamais fait une politique étrangère.