Les cours du pétrole ont reculé mercredi en dépit d’une diminution record des stocks de brut américains, souffrant d’un manque d’appétit pour le risque face à la montée des taux d’intérêt après l’abaissement de la note de la dette américaine par Fitch.
Le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en octobre, a cédé 2,01% à 83,20 dollars. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison en septembre, a perdu 2,31% à 79,49 dollars. Les deux références mondiales de l’or noir avaient pourtant toutes les deux atteint dans la matinée leur plus haut niveau en plus de trois mois, un sommet qui a rencontré une nette résistance.
«Malgré une baisse record des réserves commerciales de brut, le pétrole a cédé une bonne partie des gains importants qu’il avait engrangés au cours du mois dernier, car une flambée des taux d’intérêt a réinitialisé des perspectives macroéconomiques moroses », a résumé Bart Melek de TD Securities.
Les stocks américains ont chuté du montant inédit de 17 millions de barils, selon les données publiées mercredi par l’Agence américaine d’informations sur l’énergie (EIA). Mais le marché, qui aurait logiquement dû voir les cours du brut monter face à ce tirage record sur les stocks, a largement ignoré l’information.
Un dollar en forme
Au contraire, l’appétit pour le risque s’est détérioré avec l’envolée des rendements obligataires (4,07% pour les bons à dix ans, au plus haut de l’année) à la suite notamment de la dégradation de la note de la dette américaine par Fitch. L’agence de notation a retiré aux États-Unis leur note maximum AAA pour leur accorder AA+.
L’incertitude engendrée a guidé les investisseurs vers le dollar qui s’est nettement renforcé, une tendance généralement défavorable aux cours du brut qui s’échange en dollars. «Un vif affaiblissement de l’appétit au risque (...) associé à une poussée des taux ont invité les courtiers à prendre leurs profits», a encore expliqué Bart Melek. «Après tout, le pétrole fait face à des risques significatifs de récession dans le monde occidental», a ajouté l’analyste.
Pour Andy Lipow, de Lipow Oil Associates, la chute des cours était aussi «sans doute attribuable à l’abaissement de la notation de la dette qui se traduit par un coût plus élevé des financements des États-Unis». Malgré cette baisse des cours, les prix du brut restent plus élevés, de 13,2% pour le Brent et de 15,6% pour le WTI, que leurs bas niveaux de fin juin.