Depuis mardi dernier, tous les camionneurs transportant des marchandises en provenance des camps de Tindouf, destinées aux villes du nord mauritanien, ont été invités à dédouaner leurs cargaisons. Le droit d’entrée (16.000 ouguiyas ou quelque 4.500 DH la tonne) qui leur a été appliqué au niveau du poste frontière algéro-mauritanien est le même que celui en vigueur pour tous les postes d’entrée, que ce soit à partir du Sénégal (Rosso), du Maroc (Guerguerat) ou du Mali.
Or, au lendemain de l’application effective des nouvelles mesures douanières, plusieurs commerçants sahraouis de Tindouf ont organisé un sit-in pour protester contre une décision prise souverainement par le gouvernement mauritanien. Quiconque connaissant mal le Polisario pourrait s’étonner que des «réfugiés» soient des commerçants, spécialisés dans l’import-export. Où se procurent-ils leurs marchandises ? Ils détournent depuis plusieurs années l’aide alimentaire reçue de pays étrangers pour la vendre en Mauritanie. Plus le conflit du Sahara dure, mieux leur business se porte.
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Cette situation risque d’être contrariée par l’application des nouvelles mesures douanières qui interviennent en accord avec les autorités algériennes. Celles-ci ont procédé officiellement, avec leurs homologues mauritaniennes, à l’ouverture d’un poste frontière soumis aux législations douanières en vigueur dans les deux pays.
Il est vrai que, sans pouvoir le notifier expressément aux autorités mauritaniennes, l’Algérie aurait aimé que ces dernières continuent à fermer les yeux sur le commerce qui avait cours entre le nord mauritanien et les camps de Tindouf, et dont les principaux bénéficiaires sont les dirigeants du Polisario, de mèche avec des responsables algériens. Mais la Mauritanie a profité de l’ouverture du nouveau passage frontalier pour y déployer des forces de gendarmerie, police et douane, en plus d’une présence permanente des patrouilles de l’armée, en vue de mettre fin au désordre commercial qui y prévalait depuis plusieurs années.
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En effet, depuis quatre décennies, l’aide alimentaire internationale, octroyée aux populations sahraouies de Tindouf, est systématiquement vendue dans le nord mauritanien par des commerçants agissant comme prête-noms à la nomenclatura du Polisario. Dans un premier temps, l’entrée de ces produits a été longtemps tolérée par les autorités mauritaniennes, car les dits «commerçants» prétextaient apporter leur part de l’aide internationale aux Sahraouis qui ont choisi de s’installer dans le nord de la Mauritanie, à Zouerate et Nouadhibou surtout. Au fil du temps, les dirigeants du Polisario furent démasqués, et plusieurs organisations humanitaires internationales dévoilèrent les subterfuges à travers lesquels ils s’enrichissaient sur le dos de soi-disant réfugiés. De même, les importateurs mauritaniens de produits alimentaires, soumis aux droits de douane, commençaient à se plaindre de la concurrence déloyale au nord du pays.
Voyant aujourd’hui que leur business, qui profitait jusqu’ici de ses prix défiant toute concurrence, a été frappé de plein fouet par la récente instauration de droits de douane en Mauritanie, les dirigeants du Polisario n’ont trouvé de mieux que de faire débarquer leurs «commerçants» à la frontière mauritanienne qui fait face au mur de défense marocain, à 70 km de Zouerat, en vue de tenir un sit-in (par procuration) de protestation contre les autorités de Nouakchott. Ces dernières apprécieront certainement cette méthode, à travers laquelle le Polisario leur conteste la souveraineté économique sur le territoire mauritanien.