Le bloggeur et opposant algérien, Amir Boukhors, alias Amir Dz, vient à son tour de lâcher une bombe qui ne manquera pas d’éclabousser à nouveau la junte au pouvoir en Algérie. Lotfy Nezzar, fils du général sanguinaire à la retraite mais toujours actif, Khaled Nezzar, est un civil, qui a qualité d’entrepreneur, mais qui dirige dans les faits la branche opérationnelle des renseignements algériens de l’extérieur, et a visiblement tous les pouvoirs pour diligenter des missions, en vue d’abattre physiquement les figures de proue de l’opposition algérienne établies à l’étranger.
En effet, en faisant fuiter une longue communication téléphonique entre Lotfy Nezzar et un agent de l’ex-DRS (Département du renseignement et de la sécurité), affecté en Europe, Amir Dz révèle ainsi comment le régime algérien a décidé de passer, ni plus ni moins, à la méthode radicale contre ses opposants à l’étranger: leur élimination physique.
Cette sale besogne, c’est Lotfy Nezzar qui la mène. Ce dernier a visiblement hérité des prérogatives de son père, même s’il se présente comme un entrepreneur, investi dans les télécoms et fondateur du site propagandiste algeriepatriotique. Alors qu’il était jusqu’ici connu comme un fils à papa à l’instar de tous les rejetons des généraux algériens, doublé d’un homme d’affaires véreux, voilà qu’on découvre un Lotfy Nezzar chef de groupes de la mort.
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Dans la communication téléphonique qu'a fait fuiter Amir Dz, on entend clairement Lotfy donner ses «instructions» macabres à deux agents, l’un répondant au nom d’Abdelkader Tigua, ancien officier opérationnel du DRS, et l’autre un certain Jahid, qui serait en poste à l’ambassade d’Algérie à Paris, et qu’Amir Dz identifie comme un sergent-chef dans la DDSE (Direction de la documentation et de la sécurité extérieure).
Lotfy Nezzar donne clairement aux agents du renseignement algérien, établis à l’extérieur, l’ordre de mettre sur pied, par tous les moyens, des groupes de «baltajias opérationnels», selon l’expression d’Amir dz, doublés éventuellement d’hommes de main des mafias actives en Europe pour s’en prendre aux opposants algériens à l’étranger. Même le modus operandi leur est décrit dans ses moindres détails et fait l’objet d’échanges enflammés entre Abdelkader Tigua, qui fait partie de l’ancienne école, et l’agent Jahid, très soucieux de la mise en place de process modernes et du respect de la hiérarchie.
Bien évidemment, quand on sait les nombreuses révélations divulguées par le journaliste Hichem Aboud sur Khaled Nezzar, dont l’assassinat par ce dernier de sa propre épouse et mère de Lotfy, on comprend pourquoi il a été placé en tête des hommes à abattre en priorité. Et le mieux, conseille-t-il, serait de le mettre sous filature et l’attirer vers Madrid ou une autre ville espagnole pour le liquider sans créer de vagues.
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Dans sa communication téléphonique, Lotfy Nezzar cite le nom du colonel Hocine Hamid, alias Hocine «Boulahya», un retraité en 2014, remis en selle récemment par Toufik pour s’occuper, à la DDSE (Direction de la documentation et de la sécurité extérieure), du service dédié à la lutte contre les éléments subversifs exilés à l’étranger. C’est ce dernier qui recevait les rapports émanant de ses agents à l’extérieur, mais il se trouve aujourd’hui doublé par Lotfy Nezzar qui exige que ces rapports lui soient désormais soumis directement.
La seule chose que Lotfy Nezzar exige de ses hommes de main, c’est de rompre avec les vieilles méthodes du DRS et d’imaginer de nouvelles méthodes d’assassinats, brutales certes, mais avec un exécutant et un protecteur, pour ne pas laisser pas de traces, contrairement aux anciens modi operandi, afin de ne pas éclabousser l’Etat algérien ou mettre en péril ses relations avec les puissances européennes, particulièrement la France.
Après les révélations explosives de Guermit Bounouira, l’ancien secrétaire particulier du défunt Gaïd Salah, sur Chengriha et Toufik, voici une autre fuite qui éclabousse l’armée algérienne, tout en apportant des preuves supplémentaires sur la mainmise des caciques de la décennie noire sur le pouvoir. On savait que Khaled Nezzar et Toufiq tiraient les ficelles du pouvoir en Algérie, mais on ignorait que ce pouvoir se communiquait par filiation à leurs rejetons, même s’ils sont civils. La junte algérienne ressemble plus que jamais à un gang. Il reste à savoir comment vont réagir les officiers algériens patriotes à l’autorité spoliée par un civil, qui dirige des opérations sensibles de l’armée à l’extérieur.