Hicham Aboud sonne une nouvelle charge contre le général Khaled Nezzar et son fils Lotfi. Après avoir éventé via un site algérien l'affaire des factures impayées par la famille du général à une entreprise américaine, à l'origine d'une plainte déposée aux Etats-Unis, le journaliste algérien, en exil à Paris, revient à la charge et accuse le général d'avoir assassiné son épouse tout en révélant que son fils Lotfi, a été condamné à la prison ferme pour agression, coups et blessures à l'arme blanche.
Dans une interview-fleuve accordée à notre confrère "la Voix d'Algérie", M. Aboud, auteur du célèbre livre La Mafia des généraux sorti aux éditions Jean-Claude Lattès en 2002, remue le couteau dans la plaie et déballe encore une fois le linge sale de la famille Nezzar. L'occasion de cette sortie, à peine une semaine après la publication de révélations sur la poursuite des Nezzar par une société américaine spécialisée dans le développement de l'internet sans fil, est la réaction rageuse de Lotfi Nezzar accusé d'avoir fait retirer sous le coup de la menace l'article contenant ces révélations, du site sur lequel elles ont été ébruitées le 10 juin courant, en l'occurrence Tout sur l'Algérie.
Par la même occasion, le fils du général a accusé M. Aboud d'"être à la solde des internationaux qui vous paient pour insulter l'Algérie".
"Ma réaction est simple. Quand on attrape un voleur la main dans le sac, il doit prouver son innocence et non pas se mettre à injurier celui qui l’a attrapé. Mais quand on est pris la main dans le sac, on n’a aucun argument pour se défendre que de proférer des injures et lancer des accusations sans fondements aucun", rétorque M. Abboud, le premier journaliste à avoir révélé l’histoire des poursuites judiciaires engagées par la société américaine CHASS LCC et le chercheur algérien Mouloud Meghezzi, contre le général Nezzar et sa progéniture.
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Et M. Abboud d'asséner: "Juste pour apprendre au fils de Nezzar de ne pas suivre le chemin de son père, celui du mensonge, je vais lui intenter une action en justice à Alger pour l’inviter à apporter les preuves de ses assertions. C’est aussi pour lui apprendre à ne pas se mesurer aux hommes. Sinon, je n’ai pas à lui répondre. C’est un délinquant notoire. Et quand je dis que c’est un délinquant, j’avance mes preuves. Je vous invite à publier le PV de jugement du tribunal de Cheraga qui l’avait condamné, le 2 janvier 2017, à 1 an de prison ferme pour agression, coups et blessures à l’arme blanche. Condamné, donc, pour un comportement de voyou". "Quand on est à la solde d’une partie étrangère, on doit au moins bénéficier d’un certain standing de vie, posséder au moins un petit appartement, une petite voiture et un petit capital. Dieu merci, je ne possède rien de tout cela. J’ai investi dans l’éducation de mes enfants et ils me le rendent bien, contrairement à Khaled Nezzar dont aucun des enfants n’a réussi à obtenir le bac", dégaine encore le journaliste Abboud, qui fait l'objet de deux mandats d'arrêt émis à son encontre par les autorités algériennes.
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Mais passons, car au-delà de l'échange il y a des faits très graves qui sont reprochés à la famille de l'ancien ministre de la Défense.
Général assassin, enfants escrocs...
Dans le flot des révélations-chocs livrées par Hicham Abboud figure une affaire d'escroquerie attribuée aux enfants du général. "L’affaire se résume à une escroquerie contre le chef du projet du WIMAX qui est le cousin aux enfants de Nezzar. Sa tante maternelle est la défunte épouse que Nezzar avait assassinée. D’ailleurs tous ses enfants sont à ce jour traumatisés par le crime commis par leur père", dévoile M. Abboud. "Donc, ce cousin qui répond au nom de Meghezi Mouloud dit Hamza est un chercheur à la NASA aux USA dans le domaine des télécommunications. A la fin de l’année 1999, il avait proposé à ses cousins la réalisation d’un projet dans le domaine de l’internet sans fil. Ils s’étaient mis d’accord pour la création d’une société dont il détiendrait 25%, ses 4 cousins (Lotfi, Lamia, Soumia et Sofiane) se partageant 55% et la banque Société Générale qui devait financer le projet détiendrait 20%. Il n’a jamais été question de l’association de Khaled Nezzar ni de son épouse Hassiba ou sa fille Nassila née de son second mariage". Objectif de ce coup de Jarnac? Le voilà expliqué par le journaliste: "Après avoir mené en bateau l’initiateur du projet, les Nezzar ont réussi à introduire leur père et leur belle-mère ainsi que leur demi-sœur en leur octroyant les 20% de la banque et 20% pris sur les 25 de leur associé. Ce dernier se retrouve avec 5% alors que c’est lui le véritable chef du projet et son initiateur. Les enfants de Nezzar, tous des analphabètes, n’ont aucune connaissance dans cette technologie moderne. Ce dernier a fini par déposer plainte contre la famille Nezzar et le notaire Krim Leïl pour escroquerie, faux et usage de faux".
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Et ce n'est pas tout! "Il y a, aussi, une deuxième affaire. Une plainte déposée par la société américaine CHASS LCC pour non-règlement d’une facture qui s’élève à plus de 8 millions d’euros".
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"La plainte, déposée en mars 2016 en Cour suprême, a mis un an pour être signifiée aux Nezzar. Ces derniers, par le biais de leur avocate américaine, devraient être entendus le 20 juin prochain", a annoncé le360 il y a quelques jours, sur la base de révélations du journaliste Abboud. "L'entreprise américaine Wizara LLC, connue précédemment sous le nom de Chass LCC, réclame à Khaled Nezzar et ses enfants la somme de 8.230.885,92 de dollars de factures impayées", dévoile le journaliste qui affirme avoir consulté les documents de Cour américaine en charge de cette affaire.
Une affaire comme il y en a tant dans un pays livré en proie aux rapaces galonnés qui n'ont jamais fait une guerre et qui font souvent parler d'eux à travers des affaires de surcommissions sur les contrats d'armes, de comptes bancaires dans les paradis fiscaux, d'achat d'hôtels à Paris ou encore en Suisse...